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11 novembre 2024
Guillaume Apollinaire
Je t’écris de dessous la tente
Tandis que meurt ce jour d’été
Où floraison éblouissante
Dans le ciel à peine bleuté
Une canonnade éclatante
Se fane avant d’avoir étéLA TRANCHEE
O jeunes gens je m’offre à vous comme une épouse
Mon amour est puissant j’aime jusqu’à la mort
Tapie au fond du sol je vous guette jalouse
Et mon corps n’est en tout qu’un long baiser qui mordLE POETE
O poètes des temps à venir ô chanteurs
Je chante la beauté de toutes nos douleurs
J ’en ai saisi des traits mais vous saurez bien mieux
Donner un sens sublime aux gestes glorieux
Et fixer la grandeur de ces trépas pieuxL’un qui détend son corps en jetant des grenades
L’ autre ardent à tirer nourrit les fusillades
L’autre les bras ballants porte des seaux de vin
Et le prêtre-soldat dit le secret divinJ’interprète pour tous la douceur des trois notes
Que lance un loriot canon quand tu sanglotesQui donc saura jamais que de fois j’ai pleuré
Ma génération sur ton trépas sacréPrends mes vers ô ma France Avenir Multitude
Chantez ce que je chante un chant pur le prélude
Des chants sacrés que la beauté de notre temps
Saura vous inspirer plus purs plus éclatants
Que ceux que je m’efforce à moduler ce soir
En l’honneur de l’Honneur la beauté du DevoirLES BALLES
De nos ruches d’acier sortons à tire-d’aile
Abeilles le butin qui sanglant emmielle
Les doux rayons d’un jour qui toujours renouvelle
Provient de ce jardin exquis l’humanité
Aux fleurs d’intelligence à parfum de beautéGuillaume Apollinaire
Amies poétesses et amis poètes
"Plus de haine et plus de guerres, voici mon unique prière"
Je vous adresse un texte qui m'a été inspiré par "L'adieu", que je reproduis ci-dessous :
L' Adieu - Guillaume Apollinaire (Alcools)
« J'ai cueilli ce brin de bruyère / L'automne est morte souviens-t'en / Nous ne nous verrons plus sur terre
Odeur du temps brin de bruyère / Et souviens-toi que je t'attends » / (L'adieu – G. Apollinaire)
Adieu Apollinaire / Inspiré par l'Adieu - Alcools / © Noël Métallier - Septembre 2018
On t'a envoyé à la guerre / Une hécatombe un bain de sang / Les cadavres jonchant la terre / L'odeur du sang dans les bruyères / Où donc est celle qui t'attend ?
Notre monde n'est que misère / Où règne la mort trop souvent / Et nous sacrifions notre Terre / Nos forêts, le fond de nos mers, / Nos montagnes, nos océans
Alors les dieux fous de colère / Pour vous ne seront plus cléments / Il vous feront payer les guerres / Vous n'êtes que viles vipères / Et vous paierez de votre sang
Homme tu as l'âme guerrière / Et tu es assoiffé de sang / Homme cruel et sanguinaire / Il te faut lire Apollinaire / Et à la Paix prêter serment
Tu cueillis ce brin de bruyère / L'automne est morte évidemment / Je te chercherai sur la terre / Dans les rochers dans les bruyères / Je n'oublie pas que tu m'attends
Je garde ton brin de bruyère / Et je souris à ton printemps / Pour effacer ce goût amer / Je te déclame Apollinaire / Apollinaire tu m'entends ?
Amitiés poétiques à toutes et à tous,
Noël MÉTALLIER.
Très belles pages.
La guerre de 14/18 aura été, en terme de civilisation, l'équivalent de la chute de Constantinople, c'est à dire le début d'un long déclin !
Amicalement
JEAN KOETLER