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Parutions/Recensions*15
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(recueils avec recensions*14)
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par MICHEL BENARD
Lauréat de l’Académie française.
Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres.
Poeta honoris causa.Recension : Georges Meckler – « L’étoile Ammonite. Suivi de Quelques Bribes. » – Préface de Jean-Noël Cordier – Illustration de couverture par l’auteur. - Editions les Poètes Français – 2021- format 15X21 – Nombre de pages 59.
L’ ammonite, cette spirale de l’éternité et du nombre d’or, symbolise parfaitement l’universalité de l’esprit de poésie. Arcane sinueux de l’existence « L’étoile Ammonite Suivi de Quelques bribes » ce nouvel ouvrage de Georges Meckler, peut s’enorgueillir d’une préface de référence puisque livrée à la plume avisée et pertinente de Jean-Noël Cordier. Principe même du déroulement de l’univers, mais quittons la paléontologie pour retrouver la poésie. Georges Meckler est un grand initié de la poésie, sorte de sage ne posant sa plume que sur l’essentiel. Nulles dispersions inutiles, l’encre immortalise l’essence même de la condition humaine. Il a souvent mis ses compétences et son temps au service de la confrérie poétique. Les méandres de l’existence demeurent souvent sans réponses, mais tel un mineur de fond dans la pénombre, il faut continuer à creuser jusqu’à voir surgir la lumière. Ah ! Cette lumière d’espérance posée à la pointe extrême d’une stalactite. L’écriture de Georges Meckler porte une empreinte singulière qui la distingue d’entre toutes, rythme, cadence, formulation, facture cadencée. Nous pourrions songer à une partition musicale, des blanches, des noires, des soupirs et des espaces de silence. Cependant une question demeure en suspension : « Et toi Christ / Comment / s’agripper / à l’Amour. »Après des millénaires d’exactions, l’homme au nom de ses religions, sera-t-il donc toujours aussi pitoyable ? A cette longue liste, aujourd’hui le poète peut ajouter l’agonie de l’Ukraine. Malgré ses zones d’ombres, cet ouvrage est empli d’espérance, celle du poète qui s’accroche à sa foi, non seulement en Dieu mais encore en l’homme. Utopie ? Non, peut-être pas ! Le poète croit encore à l’ « Electrochoc de la Musique et de l’Amour. » Nous sommes confrontés à un recueil d’une extrême densité débordant d’espérance, de lumière et d’amour, car il faut bien du courage pour oser croire encore aux dissonances de la foi ! Georges Meckler en bel altruiste qu’il est, veut bien nous prêter ses yeux afin que nous puissions voir plus clair pour lire dans les rêves. Ici est posé le sceau précieux de l’humanisme. Parfois nous ressentons le besoin de nous épancher, d’oublier nos pudeurs, de nous confier avec la soif d’un retour à la parole suprême qui nous surprend : « Dans Ta Parole.../...Echo.../...De l’infini. » En conclusion l’anamnèse en quoi consiste ce livre se concentre autour de quelques bribes où tout est dit : « Un rien / Fait de mille immenses rien. » « Et le sel voudrait en diamant éclater. » « Et l’homme / voulant jusqu’à Dieu se hisser / Tombe / Et se brise. » Alors avec ce recueil épuré de Georges Meckler, osons croire encore en la Poésie, jusqu’à voir soudain le mal aboli.
Michel Bénard.
Recension : -Nicole Dubromer- A la lisière de l’Invisible –
Avant-Propos de l’auteure.
Illustration numérique – Nicolas Perquin-
Editions Les Poètes français – 2021-
Nombre de pages 60 – format 15x21 –
C’est à pas comptés, mais réguliers que Nicole Dubromer vient nous présenter son dernier recueil - A la lisière de l’Invisible- laissant transparaitre une certaine inquiétude sur le devenir humain de notre belle planète « bleue comme une orange » disait Paul Eluard. Cet ouvrage est le huitième de la série, huit, voici un chiffre qui pourrait bien nous faire songer à l’infini, à plus juste titre lorsque le thème de l’ouvrage repose sur l’invisible et le visible, le tangible et l’intangible, afin de mieux évoluer vers l’irrationnel. Chez Nicole Dubromer, la poésie reste ouverte sur l’essentiel de la vie. C’est de la lisière de l’invisible que notre poétesse nous revient. Elle a besoin de paix, de silence, d’isolement au cœur de la nature son thème redondant. Avant de rédiger son texte, Nicole Dubromer se nourrit des cris ou murmures de la foret, des chants d’oiseaux et s’imprègne des lueurs d’aube. Ses poèmes naissent de son dialogue avec les végétaux et minéraux, elle les veut simples et naturels. C’est un hymne au souffle la vie, une possible espérance pour cette planète que l’homme irresponsable et inconscient profane aveuglement. Nicole Dubromer aime se plonger dans le monde secret de la foret, d’y retrouver les elfes, les lutins, l’intrigante faune et flore aux multitudes de créatures invisibles. Voici une poésie qui nous transporte dans un univers pastoral et bucolique, juste à la pointe de l’aube à l’heure où s’efface la nuit. Au-delà de la nature, Nicole Dubromer cultive un autre jardin secret, le monde hellénique est son refuge, la mythologie et la poésie germent au cœur de ses textes personnels. Ame sensible notre amie se laisse guider par les jeux de la séduction, les arcanes d’amour, par les légendes et les mythes. Tel est le jardin de l’imaginaire où elle se ressource.
Michel Bénard.
Jean-Michel Aune – Que ce Jour soit de Joie !-
et Marguerite, Cécile Aune – Dans l’air il y a un fil –
Editions les Poètes français -2022-
Préface de l’auteur
Photographie de couverture par l’auteur
Format 14 ½ X 21 – nombre de pages 106Jean-Michel Aune – Que ce jour soit de Joie ! – ( 1 ère partie.)
Par « Que ce Jour soit de Joie » nous abordons ici une poésie de haute lignée, celle dont la voix nous pénètre , celle qui sublime le silence et donne naissance au Verbe. L’auteur, Jean-Michel Aune qui est un initié dans l’art poétique a bien conscience du sens de la Parole première en poésie et de sa vulnérabilité également. Un souffle léger peut déstructurer une poésie, tout est si fragile, cet art est si vulnérable, en cela notre poète en restitue toutes les nuances, la tonalité. Belle tentative de définition de la poésie en introduction, plaçant tous les arts sous la même bannière de la création. L’auteur ose même s’avancer jusqu’à la sacralisation de la poésie. Jean-Michel Aune fait de la poésie un voyage, un transport intime, parfois proche de la soumission. Remarquable maitrise poétique dont la lecture nous emporte très haut, vers d’autres cimes, d’autres ressentis. Avec ce poète, nous marchons sur une voie renaissante, une voie qui nous offre tous les possibles dans un regard différent. La poésie est toujours une remise en question, une nouvelle orientation. Cette poésie nous invite à réveiller notre mémoire assoupie, à redécouvrir le jeu des métaphores, fil de notre propre histoire. Il nous reste à croire aux mirages en nous méfiant toutefois des illusions. L’écriture se veut classique, mais non pesante qui nous guide sur un chemin souverain. La poésie synonyme de Liberté sait aussi se faire le cri de la contestation, lorsque l’ignorance, la guerre, la barbarie des hommes frappent à nos portes et atteignent les enfants. Honte suprême et déshumanisation. Il faut parfois se rendre à l’évidence, alors on pose le pied sur un alphabet oublié et l’on repart vers un port de hasard, loin des rumeurs du monde. Certains poèmes nous enveloppent, nous transportent, dans un monde fabuleux où le temps est en suspension. Le poète joue sur les associations d’images. La question se pose entre la réalité des choses et l’illusion établie ! Mais parfois une réalité se profile toujours sur le fil de l’horizon, la fuite du temps sur laquelle un poète reconnu et averti ne détient aucun pouvoir. Il est cependant certain, que vous ayez ou non accès à cette poésie, que les fondations sont érigées sur le socle de l’amour.
Marguerite, Cécile Aune : - Dans l’air il y a un fil. – ( 2 -ème partie ) :
Ouvrage émouvant où deux voix se mêlent pour donner encore plus d’émotion et d’élévation à la poésie. La voix d’un passé pas si lointain, celle de la mère Marguerite et celle plus contemporaine, celle du fils Jean-Michel, qui rend hommage à la source de sa vie : « C’est pour manifester la vitalité d’un lien, entre elle et moi toujours actuel. » Ici le fondement est toujours l’amour, mais bien au-delà du lien charnel, c’est le lien affectif et le lien spirituel qui dominent. Le poème liminaire de ce recueil a au moins l’avantage d’être clair, il s’agit bien d’un hymne de reconnaissance et d’admiration à la mère : « Ton image surprend mon cœur et l’éblouit. » Ici l’amour bat à contretemps, mais il réclame toujours de justes mains. Il ne vous reste plus qu’à découvrir ce petit florilège en témoignage d’une poétesse qui un jour se retrouva dans le sillage du meneur Luc Bérimont, du délicat René Guy Cadou et du René de Obaldia inventeur d’un langage d’une certaine verdeur, tout comme son ami Jean-Michel Atlan fut un novateur de l’abstraction.
Michel Bénard.
Recension : Nicole Randon – Instantanés –
Editions les Poètes français – 2 -ème trimestre 2022 -
Illustrations calligraphiées et idéogrammes de l’auteure.
Photographies de Françoise Constant.
Format 14 ½ X 21 - nombre de pages 54
C’est avec un grand plaisir que je découvre le nouvel ouvrage de Nicole Randon « Instantanés » où il s’avère nécessaire de percevoir le jumelage de l’écriture et du signe. En découvrant la démarche de notre poétesse, il est difficile de ne pas songer aux expériences de Christian Dotremont acteur principal du mouvement Cobra et de ses idéogrammes, mais aussi d’Henri Michaud avec son écriture calligraphiée et hallucinée, chère au mouvement surréaliste. Nicole Randon est parfaitement cohérente dans sa démarche où nous percevons déjà l’appel de l’expression corporelle, puis les frémissements du cœur par le verbe et les vibrations du ressenti par l’écriture informelle où un codex aléatoire métamorphose la poésie. Poétesse discrète et sensible, Nicole Randon porte toujours en elle les promesses de l’écriture, du signe, qui deviendront poésie et qui peut-être s’évaporeront avec la musique. Les poèmes de Nicole Randon sont des fragments de vie, des arrêts sur l’image, des instants d’observation du quotidien. Quant à cet ordinaire, il contient souvent bien plus de poésie que toutes les anthologies. Les choses, les impressions les plus simples sont les plus authentiques. La poésie de notre amie, soulève parfois une métaphore, une vision insolite, un chant métamorphosé. C’est bien là un jeu d’écriture où flottent des énigmes symboliques à décrypter. Les séquences y sont saccadées, cadencées, désarticulées, enivrées d’une liberté désireuse d’exprimer tout à la fois. Nicole Randon ne l’évoque pas réellement, mais au cœur de son imaginaire, elle aimerait bien dialoguer avec les réverbères, naviguer dans une valise, remettre à l’heure les aiguilles des horloges folles. Elle part en quête d’elle-même, dans le brouillard, dans un coin de rue, le monde perd la raison, il se fragmente, là : « Où naissent nos mirages.../... » Nicole Randon a besoin de retrouver un lien de réconciliation avec elle-même, c’est pourquoi ses poèmes ont besoin d’un décor, la scénographie n’est jamais très loin, par le rythme, le mouvement, la cadence le texte prend corps. C’est un enchainement de visions où les mots vont et viennent. La palette de notre amie poète est large et englobe diverses disciplines, le verbe devient performance, chorégraphie, graphisme. Par la poésie elle se place dans un questionnement existentiel, elle tente de retrouver les couleurs de la vie. Ressenti assez singulier au fil des lectures, nous avons l’impression de nous introduire dans un tableau flamand, une scène quotidienne : « Le pot au feu est cuit, les bols sont remplis. » Les images se succèdent un peu comme dans un album de photographies informelles. Par la poésie Nicole Rando se place face à elle-même, fait des rêves de liberté et jette aux flammes de la conscience les vieux oripeaux qui l’emprisonnent. Elle nous plonge dans un concert de sens où la ligne de vie : « .../... frisonne vers son point d’orgue ! »
Michel Bénard.
Renato Villani – Les Pétales du Vent (vol.1) – Recension.
Illustration de la couverture Renato Villani.
Editions Les poètes français – 1 er trimestre 2022 -
Format 14 ½ X 21 – Nombre de pages 65.
Avant même de prendre connaissance de la teneur et profondeur poétique de l’ouvrage « Les Pétales du Vent » la maitrise de l’écriture nous apparait évidente, nous transcende même, sachant que notre ami poète est d’origine italienne, enfant de la magnifique région des Pouilles si riche en histoire et terre de poésie. Ici rien n’est anodin et il est bon de noter que notre ami était professeur de langue et de civilisation française. Renato Villani possède sa propre couleur d’écriture, son rythme, son expression aux nuances variées, singulières parfois. Il a le sens de l’agencement des mots créant l’image. Le langage est fragmenté avec ses ruptures, ses temps de pause, ses brièvetés ou longueurs. L’amour est présent comme jeu où l’on se brûle parfois. Renato Villani est un observateur qui transforme la réalité du quotidien en poésie, c’est son côté illusionniste. Il nous place dans un univers singulier où nous croisons d’exquises métaphores, des images surprenantes, presque surréalistes « Une jeune khmère vêtue de la langue de Molière / se repose sur l’ivoire du silence. » C’est une belle poésie qui nous ouvre les portes du rêve, nous enveloppe d’un monde imaginaire, aux réalités informelles : « Les étoiles dansent avec toi parmi les fleurs parfumées / Dans le mystère sublime de la musique. » Beaucoup de sensibilité qui parfois nous déroute et nous égare dans un labyrinthe. Dans son recueil Renato Villani, collecte de belles images où règnent douceur et tendresse. « Cette lumière qui vient de l’océan de tes yeux / flotte dans mon âme sur son bateau d’argent. » Parfois en pèlerin il marche sous le soleil dans les pas de Paul Valéry et de Georges Brassens. Renato Villani nous entraine sur des chemins de légendes sacrées, de cathédrales somptueuses, sa poésie se recouvre parfois d’un voile mystique et ici pour conclure je retiendrais le texte « Victor » célébrant merveilleusement, mais de manière sous-jacente, Victor Hugo et Notre-Dame de Paris : « Ton soleil flambe sur les faubourgs des misères et réchauffe la cathédrale / Ta grandeur a fleuri dans les bras de l’exil / Alors je traverse les prés en fleurs de tes Contemplations. »
Michel Bénard.
Sylvie Chaudret – Dans le jardin de mon père - Illustration de l’auteure –
Editions les Poètes français – 4 -ème trimestre 2022 – format 15x21 – nombre de pages 59 –Parfois il est bon de flâner dans les sentes d’une poésie qui fleure bon les parfums de la terre et où l’on entend les murmures de la vie. Ce dernier recueil « Dans le jardin de mon père » de Sylvie Chaudret contient une poésie qui a besoin d’humus et de silence afin de mieux s’entendre germer. Nous sommes au cœur de la création ou de la vie en devenir, tout se fond, se confond, le verbe et la chair ne font qu’un à l’encre de la vie. Il est sage de marcher dans les sillons de la poésie où nous pouvons percevoir les murmures de la création. Cet ouvrage est un parcours de mémoire où se mêlent, l’enfance, la soif de liberté, le passage du temps, les saisons bonnes et incertaines, l’amour, ses illusions et ses chagrins, voyage dans le temps d’où remontent les senteurs du matin, les mystères du soir et les frissonnements de l’étang où se reflètent les étoiles et des murmures de la sève. La vie ici est à portée de plume, véritable ivresse et authentique bonheur. Avec le temps du recul, tout se fait extase, tout s’illumine, se colore d’un sentiment d’éternité, « Moiteur de cathédrale. Immersion baptismale.../... » Comme les eaux de la Loire, la poésie de Sylvie Chaudret se veut libre et insoumise. Le matin d’hiver révèle un grand artiste car il aura suffi d’une nuit pour sculpter de surprenantes statues de glace, comme simple rappel que tout est éphémère, particulièrement la beauté. À bien y réfléchir, il n’y a pas de poésie sans amour, amour vainqueur, amour vaincu, tel est le prix de la liberté. Larmes de joie ou larmes fatales, tous les paradoxes sont ici conjugués au rythme d’une expression claire et simple. Les dissonances sèment parfois avec bienveillance. Plus grave, ici la mémoire rejoint aussi la Shoah et ses wagons de la mort, juste pour ne jamais oublier le mal, l’ignominie qui pourrait se répéter. En conclusion il me fallait le dire, femme libérée, l’auteure ose même le ménage à trois, ciel la belle coquine, elle jouit de deux amants Monsieur Larousse l’ancien et Monsieur Robert le jeune.
Michel Bénard
Recension : Jean-Louis MONTAGNON – Tempus –
Editions les Poètes français – 4 -ème trimestre 2022.
Préface Cécile Astier.
Illustration, œuvre de Grégoire Rodarie « Ethnicité. »
Format 15x21 – nombre de pages 55.
La remarquable préface de « Tempus » que nous devons à Cécile Astier est une véritable invitation à découvrir l’œuvre de Jean-Louis Montagnon, qui a besoin de dialoguer, d’échanger, ce que confirme une citation en exergue de Christian Bobin qui vient de nous quitter bien trop tôt. Textes poignants qui partent en quête de l’âme en absence et qu’il faudrait retrouver sachant que : « Au soir de la vie ne restera que l’amour ! » (1) Interrogation sur l’absence, sans l’être aimé sommes-nous entiers ? Sommes-nous accomplis ? La poésie de Jean-Louis Montagnon est une errance entre deux mondes parallèles où le constat de l’homme est affligeant, piètre créature dénaturant le bien, le beau, pour engendrer le mal. L’écriture immuablement classique est raffinée, révélatrice de fortes images mettant la vie en situation. Langage singulier d’une agréable facture. Mais, comment se taire face à ce monde en fusion, en déraison, comment se taire face à la grande imposture, au grand mensonge de ce temps ayant perdu ses valeurs et tout bon sens. Le poète s’insurge aussi face à ceux qui pour le simple plaisir gratuit, massacrent au nom de la chasse, la beauté, la faune et la fierté des forêts. En prenant connaissance du combat de Jean-Louis Montagnon, je ne peux songer qu’à Érasme qui avait pris comme prétexte de la bassesse de l’homme « Dame folie. » Au fil de la lecture, il passe comme un souvenir de photos jaunies, de blé doré, de cheval de trait avec toujours le sourire d’une grand-mère, un goût d’amertume, de jungle et de chevreau blanc.. L’esprit a parfois besoin de paix pour prier, pour simplement se recueillir, se resituer, alors la fête votive arrive à point nommé pour : « Ne jamais tricher, d’avoir de vrais amis. » Renaitre des cendres à la force des mots. Les miracles de la poésie peuvent nous surprendre, lorsque la Provence s’échappe vers la Wallonie, terres noires, pays des terrils, de la Sambre et de la Meuse, où dans un estaminet nous retrouvons nos cousins germains. Chez Jean-Louis Montagnon la poésie se fait carnet de voyage, le poète grimé en pèlerin, oiseau migrateur, découvre la Provence où il se moque du mistral, la Cote d’Azur, le Nord où : « Il voudrait bien s’envoler dans la joyeuse bande. » La poésie est aussi un mirage, une réfraction, un vaisseau fantôme, qui on ne le sait pas porte le nom de « fata morgana. »
Michel Bénard.
Recension : Nazand Begikhani – Le Lendemain d’Hier
Editions les Poètes français.
Préface Richard McKane, poète et traducteur britannique. Postface Daniel Leuwers.
Traduction en français par l’auteure. Avec la collaboration de Nicole Barrière et de Claude Ber.
Illustrations intérieures Hélène Morel.
Illustration première de couverture Ziya Aydin.
Nombre de pages - 75 - format 15x21 - 2e trimestre 2022.
Pour rendre l’intensité et la mesure de la poésie de Nazand Begikhani, il faut avoir conscience qu’elle est d’origine kurde, nous connaissons hélas l’histoire de son pays écartelé, mutilé et crucifié. Il en fut ainsi par le passé et il en est encore aujourd’hui par la folie d’un tyran rêvant de reconquêtes. Mais où s’arrêteront tous ces fous sanguinaires, ces auteurs de génocides et d’exactions. Nazand Begikhani nous livre une poésie qui ne peut vraiment être comprise que par le vécu. C’est un cri ! Un lourd témoignage des limites de la condition humaine. Cette poésie va au-delà de la vie, côtoyant la mort et l’arbitraire aveugle où l’homme fait preuve de sa démesure assassine. Face à l’œuvre témoin de notre poétesse nous sommes atterrés par la cruauté engendrée par les tyrans aux consciences vides. Pourquoi un tel déploiement de haine. Apogée du sadisme, de l’insoutenable crime de l’humanité : «.../... la terre s’est levée pour parler des mots du poète à qui on coupe les lèvres.../... » La poésie ici demeure la seule arme de la libération. Mais quel « dieu » faut-il prier pour dispenser autant de terreur ? Je me pose la question en me disant qu’il vaudrait mieux qu’un tel « dieu » soit mort ! Quant à bien y réfléchir, il semblerait plutôt que ce ne soit pas « dieu » qui créa les hommes, mais plus précisément les hommes qui créèrent « dieu ». Nazand Begikhani est la permanence d’une existence d’exil en équilibre constant entre la vie et la mort : « Un mince fil sépare la vie de la mort, mon ami... » L’espoir cependant reprend toujours ses droits et bien des poèmes contiennent aussi des heures de bonheur inattendu, des prémices d’amour, des fleurs dans les cheveux et des baisers aux élans amoureux sur les berges du Tigre. C’est pour un instant l’heure bleue qui coule sous le pont Mirabeau, une poésie à deux voix qui brisent le silence. Entre les pages de ce recueil témoin se glissent des gammes d’embellies, des parfums de fleurs et des soleils d’hiver embrasant les neiges joyeuses. La poésie de notre amie est libre comme elle aimerait que le soit son existence. Parfois sur une photo jaunie reviennent les images d’un passé heureux qui pourtant se consume sur : « .../... les prières solitaires de ma mère. » Autres notes de bonheur entre ces pages si émouvantes, les dessins soignés et symboliques d’Hélène Morel et la belle couverture de Ziya Aydin digne des meilleurs postimpressionnistes. C’est sur cette note de rêve et de liberté aux parfums de mysticisme ou d’ésotérisme qui caressent les cheveux de Nazand Begikhani que je refermerai ce recueil en vous invitant vivement à le découvrir, pour prendre conscience que votre existence n’est peut-être pas aussi amère que vous le prétendez.
Michel Bénard.
Recension : - Catherine Lieber - « Alors tomba du ciel un grand astre. »
Editions les Poètes Français 2020. Format 15x21. Nombre de pages 65.
D’amblée la teneur de cet ouvrage de Catherine Lieber : « Alors tomba du ciel un grand
astre. » est donnée et le propos apocalyptique n’est pas loin, l’agonie de la planète et
indéniablement celle de l’espèce humaine est engagée, il ne reste plus qu’aux êtres de
lumière, aux poètes gardiens de la sagesse de tenter de préserver au mieux l’urne sacrée.
Un devenir s’avère possible car aussi fragilisée soit-elle la poésie pourra le sauver.
Voici des textes dont certains fragments nous reportent aux écrits fondamentaux, mais qui se
révèlent être tout à fait le reflet de notre siècle en processus de deshumanisation. Les
comportements reptiliens, les utopies cupides, les sectarismes religieux et autres
obscurantismes se perpétuent dans notre monde. Lorsque l’on ne peut plus croire en l’homme
on se rattache aux mirages.
L’ouvrage est porteur d’un haut degré humaniste où tout repose sur les passeurs de lumière.
Une vision prémonitoire, un voyage dans le temps où tous les signes d’une humanité en son
déclin se profilent déjà. Belles réflexions sur les débordements humains en référence aux
Saintes Ecritures, aux Evangiles de Saint Jean, à l’Apocalypse. L’écriture se veut à la fois
mystique et très poétique, portant quelques parfums théologiques et pourquoi pas
panthéistes ? Notre poétesse ne demeure pas dupe aux jeux des apprentis sorciers et avec ses
modestes moyens, tire la sonnette d’alarme. Car la folie aveugle des hommes nous conduit
tout droit vers des Tchernobyl, des Fukushima, des destructions, des embrasements et
pollutions irréversibles. Cette œuvre est un hymne à la nature teintée de spiritualité ou
d’animisme selon la perception que l’on accorde aux textes de Catherine Lieber. « Le temps
de l’homme est arrivé. » Reste à savoir quelle perspective lui sera donnée ?
Michel Bénard.Charlotte – Rita – La Vérité au cœur de l’Homme – Préface de Laurent Desvoux-D’Yrek - illustrations du caricaturiste Michel Pichon – Editions les Poètes français – 4ème trimestre 2022 – format 15x21 – nombre de pages 67 –
Voici un nouveau recueil de Charlotte-Rita « La Vérité au cœur de l’Homme » qui nous conduit au seuil de l’authenticité en recherchant l’amour, la mémoire du temps et l’espoir sur le chemin de la vie. Personnage à facettes multiples, il ne suffit pas à Charlotte-Rita d’avoir une palette de talents variés, voici qu’elle se met dans l’idée d’écrire de la poésie et pour tout dire cela lui réussit très bien, car elle quitte momentanément la scène théâtrale afin de jouer avec le nuancier de sa palette de mots. La vérité au cœur de l’homme, sans doute, mais il est souvent nécessaire de bien chercher. Il semblerait pourtant que Charlotte-Rita ait trouvé. Dans la poésie de cette dernière, nous rencontrons de belles compositions imagées, issue d’une écriture parfois syncopée. Afin de restituer aux mots des hauteurs différentes, Charlotte-Rita jongle avec ses vers avec beaucoup d’humour et de dérision, c’est son coté circassien. Son verbe prend des sens variés, il provoque la tradition. Il y a ici de la vie, lisse, polie et rugueuse. Notre poétesse met en situation, elle crée des scénettes, son côté théâtral reprend ses droits. Elle brise le rythme du temps, passé et présent se confondent, quant au futur on ne sait guère trop où le placer. Nous nous situons entre comédie et poésie dans un langage bref et essentiel. Au cœur de la rêverie, une peinture se fait poésie, joue avec les fleurs des champs dans un coucher de soleil imaginaire. Le jeu verbal est parfois déroutant, il nous surprend, nous déstabilise, mais très vite nous retrouvons notre équilibre. Le temps est un des personnages principaux de cette comédie humaine, il va et vient, se fait câlin ou chagrin, mais quoi qu’on fasse, dise ou pense, il nous échappe. Ecriture souvent décentrée où nous croisons au fil de notre lecture de délicieuses pépites avec ce paradoxe d’une écriture décalée, passant par une forme convenue, voire classique. Voici donc une poésie qui nous entraîne bien plus loin que l’on osait l’imaginer. Légère et savante, Charlotte-Rita n’en a pas fini de nous étonner, voyez-vous c’est là son côté femme orchestre. Le langage a sa cadence, son rythme, sa musicalité, comme une palette porte ses couleurs. D’ailleurs, la poésie n’est-elle pas un bouquet de couleurs, sourdes et éclatantes ?
Michel Bénard.
Véronique Lévy Scheimann – « Dessiner un ailleurs »
Editions les Poètes français-2021- format 15x21 – nombre de pages 61.
Illustrations de l’auteure.
Fidèle à sa plume et son pinceau, Véronique Lévy Scheimann nous propose aujourd’hui son dernier ouvrage « Dessiner un ailleurs ». Elle est une artiste passionnée pratiquant la double discipline de l’art graphique qu’elle associe à l’expression stylographique, belle manière de pouvoir exprimer et jumeler ses ressentis. Poésie de l’ordinaire et du quotidien, les textes sont souvent assez courts, sertis de notes brèves fortes de constats sociaux. Poésie et peinture sont chez Véronique Lévy Scheimann comme un baume aux effets salvateurs, les pinceaux s’expriment nerveusement et les mots hurlent le silence de la pensée muselée. Nous découvrons des textes qui pourraient très bien être des messages codés ou des points de repère sur la route de la vie. Cette poésie nous place dans l’observation, le constat d’un monde peu rassurant tout en nous invitant au voyage, à la découverte de l’ailleurs. Le poème ici peut devenir un jeu en ce monde régenté au-delà de la normalité, à ce point que notre poétesse manœuvre à sa façon par dérision sur le « clic & collecte ». Indéniablement nous nous orientons vers une autre époque, une autre forme de vie de plus en plus formatée et numérisée. Sorte de « liberté surveillée ». Autres temps, autres mœurs ! Véronique Lévy Scheimann éprouve ce besoin de saisir les choses simples, celles du quotidien ordinaire pour essayer de leur restituer une once de beauté. Chez elle tout est naturel, instinctif, elle sème patiemment ses petites graines chimériques en portant sur le monde un regard à la fois embrasé et innocent. Ce regard est assez touchant, il est celui de l’enfance, souvent elle le peint à la manière des artistes dits « singuliers » ou dans les turbulences de « l’art brut ». Je voudrais « peindre les mots » nous dit-elle, ainsi joue-t-elle avec les nuances mêlées de sa palette. Conclusion, pour Véronique Lévy Scheimann peinture et poésie lui donnent les moyens de prendre son envol pour des « lieux vêtus de bleu. »Michel Bénard.
Christian Malaplate – « La musique cerne les ombres et ouvre la clairière des mots. » -
Photo de couverture : Longue vie - Christian Malaplate - Suzhou (Chine) –
Editions les Poètes français – Paris – 1 er trimestre 2022 – format 15x21 – nombre de pages 113 –Il y a toujours une ombre et une lumière qui cernent les mots. Confronté à cette dernière
publication de Christian Malaplate « La musique cerne les ombres et ouvre la clairière des
mots », nous sommes placés en face d’une poésie d’expérience et des profondeurs où les
racines plongent dans les formes de cultures et philosophies universelles.
Le pèlerinage en terre inconnue de la poésie de Christian Malaplate est déjà marqué par la
construction d’un temple du Verbe et du Nombre fruit initiatique d’une longue expérience.
Christian Malaplate est non seulement un poète engagé et de premier plan, mais également un
acteur sur la scène poétique et littéraire où il sert les poètes contemporains en les mettant en
situation, par le support radiophonique des « Traces de lumière », les conférences et les
actions publiques, etc. C’est ainsi que notre poète opère sur deux tableaux, car il est à la fois
créateur et serviteur de la poésie. Il partage la poésie, la fait connaitre, l’enseigne par le livre,
les soirées thématiques et salons du livre. Il n’a de cesse de la dispenser, selon lui, sans le
plaisir d’écrire, ce bonheur inexplicable, la poésie ne serait pas.
Le poète recherche ses racines, rassemble ses fragments de mémoire en se mettant en quête de
ses souvenirs d’enfance. Nous touchons ici la quintessence de la pensée, le transdimensionnel,
le syncrétisme ésotérique, c’est une manière d’ériger son temple personnel au gré des traces
de sages paroles : « Des promesses secrètes et des chants enfouis se libèrent.../... »
Le poète se dépouille, se dénude afin de mieux progresser sur la voie de la pureté comme un
pèlerin en son voyage initiatique. Il devient braconnier des images poétiques, dialogue avec
les arbres qui s’élèvent vers le ciel, il se fond dans la nature pour ne plus faire qu’un avec elle,
sorte de communion cosmique. Le poète est proche du peintre, ses mots se font palettes aux
couleurs de l’aube, hymne à la renaissance : « Ecrire c’est peindre les mots dans l’irradiation
des sentiments. »
La poésie de Christian Malaplate dans : « La musique cerne les ombres et ouvre la clairière
des mots » nous conduit très loin au travers des arcanes de l’humanité, le poète vit son acte
créateur comme un message d’espérance, il se fait passeur du beau, du vrai, conservateur de la
mémoire. Sa réflexion est profonde et grave comme le chant d’un violoncelle. Nous sommes
dans une expression poétique proche du monde philosophique, voire mystique.
Christian Malaplate en arrive à nous situer dans une situation délicate, car il nous place face à
un champ d’action vaste et multiple au service d’une forme absolue et en douter serait le
desservir !
Pour être subtil et parfois abyssal Christian Malaplate, n’en est pas moins romantique et
amoureux, célébration suprême, fusionnelle et transcendante, étincelle de la vie. Ainsi la
dernière partie de son recueil « Ma douce, ma lumineuse » est consacrée et tournée vers
l’amour charnel et tout à la fois spirituel. Mais cet Amour ne rejoint-il pas les sphères
éternelles et universelles ?C’est en esthète que Christian Malaplate déflore le sujet, à n’en pas douter, faut-il être
éperdument amoureux pour oser s’engager et s’exprimer lucidement et avec panache sur un
sujet qui ne supporte pas la médiocrité, ni les banalités, auquel cas il aurait « .../... envie
d’incendier ses pages blanches .../... »
L’amour est une alchimie qui métamorphose la vie.
Le couronnement final de cette symphonie poétique s’avère être un véritable gloria ou hymne
à l’amour, car en finalité le poète sans l’amour et son imaginaire, ses transcendances, ne serait
qu’une plume perdue dans le maelström de l’existence.
Christian Malaplate cultive le sens délicat d’un amour teinté d’érotisme subtil et éthéré, il en
fait son jardin secret, son chant d’allégresse, sa fusion d’âmes.
« Avant de défroisser les draps, je déboutonne les étoiles. » pour accueillir une aube de joie.Michel Bénard.
Véronique Lévy Scheimann – Bris de vers - Illustration de l’auteur – Editions Les Poètes Français- 4ème trimestre 2022- format 15x21 – Nombre de pages 50 –
La poésie de Véronique Lévy Scheimann ne m’est pas étrangère, elle se présente à nous simplement, mais à bien y réfléchir elle joue un double langage et cette simplicité apparente masque des intentions solides et ces : « Bris de vers » masquent peut-être un silence profond, une pudeur contenue. Voici donc des textes nous plaçant en situation d’interrogation. Véronique Lévy Scheimann est une poétesse qui recherche le silence. Nous sommes dans le recul, dans la distance par rapport à la rumeur du monde. La vie est sans cesse en équilibre sur un fil imperceptible placé au-dessus du vide où parfois un coup de baguette magique arrangerait bien les choses. Nous ressentons dans l’écriture de cette poétesse tout le poids d’une société délitée, mortifère, allant jusqu’à la morbidité, cette poésie est un appel, elle a besoin de lumière, de paix, la densité du verbe ne trompe pas, le questionnement existentiel est là. La nécessité est forte de donner un sens à la vie, de la colorier avec de beaux crayons de couleurs, de réenchanter le monde. Notre poétesse est d’une extrême sensibilité et rien de ce qui se déroule dans cette société ne lui échappe, ses mains refusent les cendres du néant. La poésie est une forme de philosophie qui permet-peut-être d’aborder le monde d’une manière plus nuancée, plus douce, plus sereine, sans doute une possibilité de rassembler les fragments brisés. Par ces jeux de plumes et de pinceaux Véronique Lévy Scheimann s’invite un imaginaire, elle devient l’oiseau qui du bout de ses plumes caresse le Petit Prince. Face à l’adversité cette poésie joue de la dérision. C’est un cœur qui bat au rythme de la vie, dont la cadence s’arrête et repart. Promenade insolite où tout devient possible. Il arrive que la page reste blanche et se recouvre parfois d’un graphisme aux lignes innocemment naïves. Nous ne saurions refermer les pages de ce recueil sans en souligner les jeux de l’amour, frénésie pénétrante où les corps s’épanouissent. Oui cette poésie est bien un rêve de nuit qui se laisse guider sur les chemins de la Liberté.
Michel Bénard.