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Parutions/Recensions*5
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Par Michel Bénard
Recension « résiSTANCES » Brigitte Beaudin-Lambotte. Editions les Poètes français 2016. 63 pages. Préface & illustration Michel Bénard.
Allez donc savoir : « La poésie est peut-être là pour corriger les erreurs de Dieu. » comme semble nous le laisser croire le poète Odysseus Elitys.
Disons plus simplement, un impérieux esprit de laïcité. Qu’importe le type, le genre, la race, l’apparence, ces lignes poétiques battent au rythme de la musique du cœur et d’une possible vision générale. Avec « résiSTANCES », nous sommes confrontés à une espèce de patchwork fragmenté de la vie. Cette poésie bien au-delà de sa forme néo-classique, est en fait un regard attentif déposé sur la vulnérabilité de l’autre, deux bras qui se tendent en forme de passerelle. Par ce nouveau recueil notre poétesse nous confirme sa sensibilité, telles les cordes d’une harpe céleste trop tendues qui vibrent à l’unisson et dont la musique nous imprègne, remet en situation nos reflexes quotidiens et nous permet de reconsidérer un autre pan de la vie.
Impossible de refaire l’histoire, mais peut-être se risquer à la controverser, la recomposer en lettres capitales. Tout ici est subtilité et demi-tons pour des souvenirs qui font vivre et rêver, des gestes simples portés par la voix d’une poésie de silence. C’est aussi un cri face aux excès de l’homme, à ses débordements inconscients, c’est un cri d’écologie dans un monde qui met les arbres en cage, un cri de survie.Parfois cependant un regard attendri et humain se porte sur les derniers pas de danse, sur les ultimes flonflons du bal. Pour conclure, je soulignerai que ce recueil « résiSTANCES » est parsemé de grands moments de bonheur, d’éclats de rire qui sèchent les larmes.
Recension : Danielle Miltenberger – « A l’écoute des vagues » Editions les Poètes français. 2016 – 63 pages – format 15x21
Nous connaissons tous Danielle Miltenberger pour son étroite collaboration dans le cadre du comité directeur de la société des Poètes français pour lequel elle s’investit avec efficacité. Pour peu nous en aurions oublié qu’elle est aussi poète. La plus belle démonstration nous en est faite au travers de son ouvrage : « A l’écoute des vagues. » L’écriture est vécue ici comme une révélation, une possible transcendance, une évasion intemporelle, un regard sociétal.
Au cœur de sa réflexion Danielle Miltenberger pose ses mots sur le silence, pour peut-être y cueillir une âme sœur ou même étrangère.
« .../...animer notre raison d’être
devenir son confident. »
Tout est si fragile dans le temps du passage, dans un éclat de rire et c’est l’interrogation qui s’installe.
« Dans un souffle murmuré
Où je dirai « je n’ai fait que passer... »
Danielle Miltenberger ne peut réellement s’exprimer que par une écriture en liberté, certains dirons libérée. D’une grande modestie notre poétesse nous révèle une écriture masquée, en demi-teinte, mais d’une intense maturité, une sorte d’aboutissement intime dont l’expression et l’expérience sonnent avec justesse. Les textes se veulent assez courts, simples, mais ils touchent à l’essentiel, à l’indicible parfois.
Les soirs de questionnement et de solitude Danielle Miltenberger fait de la poésie son amie, lui confie ses expériences, elle lui décrypte ses notes de beauté qu’elle voudrait transmettre au monde.
« Quittant l’inconnu pour vous sourire
Ou réveiller quelques désirs... »
Parfois nous y percevons le souffle ténu d’une musique de Gesualdo Da Venosa.
Les amours y sont fragiles, furtives, jusqu’à rester délaissées sur un siège de métro. Danielle Miltenberger ébauche des fragments d’amour où elle aimerait susurrer ses espérances, y ériger son espace de vie, mais c’est toujours l’inconnu qui attend au bout de la rue.
Ses paroles sont celles de chacun d’entre nous en notre quotidien, en nos amours, nos désamours, nos abandons et solitudes. L’amour cependant donne des ailes, il fait flotter et dessine du rêve.
« De tes rêves fous tu n’as eu qu’espérance. »
Danielle Miltenberger nous ouvre délicatement les pages de son recueil, des pages de vie où elle effleure les problèmes de société, de l’émigration et de l’insertion, l’illusion de la terre d’accueil. Le drame également du nucléaire où l’homme joue toujours la destinée de l’humanité aux dés. Tel est l’apprenti sorcier que l’on baptise et cache sous le nom de progrès.
L’inventaire est dressé, le monde des hommes est en bien mauvaise santé.
Narration, témoignage, confidence, amour, un florilège de poèmes éparpillés tels des petits coquillages sur la plage d’un recueil qui aussi sent bon les embruns et la Bretagne.
« Violente, rageuse, elle balaie les côtes
Alors que les marins chahutés grelottent. »
Recension « Morceaux d’hiver » - François-Xavier Desprez – Editions les Poètes français – illustration Isabelle Alloncle- 2016. - 69 pages – format 15x21.
Un premier recueil symbolise toujours un temps émotionnel dans le parcours d’un jeune poète, ce qui pourrait nous ramener à Rainer-Maria Rilke : « Vous demandez si vos vers sont bons.../... » C’est une vive émotion, un enchainement d’incertitudes, une sorte de dévoilement, tout autant qu’un dépouillement. Voilà soudain que l’on offre son intimité aux regards des autres, pire, aux verdicts terribles des jugements. On s’expose ! Convenez qu’il y a là juste raison de se sentir dénudé. Le pas est franchi, l’auteur a osé se mettre en représentation. En première lecture c’est l’aspect dérision et l’humour singulier qui retiennent l’attention. François-Xavier Desprez se fait témoin, il veille sur les fragments du quotidien, du temps ordinaire. Il se met en observance et fait une narration personnalisée de ses découvertes. Certains de ses poèmes se révèlent être une sorte de puzzle qui demande parfois une reconstruction. Il recompose les brisures du temps. Au détour d’un vers il nous arrive de découvrir un amour discret retenu, laissant susurrer son écriture à la manière d’une confidence.
Mais déjà apparaît le regret d’une enfance pourtant encore proche.
« Jamais plus, les tunnels creusés pour se tenir
La main ; ni les volets fermés, ni le silence.../...
« Les tartines de miel et les bols à prénoms. »
Laissant l’impression de regretter le passé, l’auteur se jette cependant vers le futur, il anticipe ;
« Je marcherai par crainte, et très tranquille,
Satisfait des jours perdus. »
Il fragmente le quotidien et dépose sur sa palette à poèmes, les mots de l’impression, du ressenti, l’instant fugitif. Le langage déroute parfois, il se veut surréel, insolite.
« Au-delà des plis verts de ces berges aux dents de nacre noire,
La brume est une poudre grise. »
Dans certains textes comme par exemple « Normandie » il est amusant de rencontrer des fréquences verlainiennes. Nous découvrons aussi des pans oulipiens qui ne sauraient déplaire à Raymond Queneau.
« Ce sont des fleurs et des sapins,
Des lys, des hortensias, des lianes,
Et des odeurs fortes. »
N’oublions pas les impressions de voyages, les souvenirs de parfums où François-Xavier Desprez tente de fixer le souvenir, le temps qui s’étiole.
Pour conclure, le hasard aura voulu que ces lignes soient écrites à Reims à la médiathèque ;
« .../...au flanc de la cathédrale,.../... »
C’est une poésie qui oscille entre une tentation de vouloir rimer et un fort besoin de se libérer.Recension Jean-Yves Lenoir « Herbes » éditions les Poètes français – 2015 – 123 pages – format 15x21.
Poésie dites-vous ? Peut-être pas poésie ! Finalement si poésie, car elle est source et sève de vie. Et c’est bien de vie absolue dont il s’agit dans « Herbes » le dernier ouvrage de Jean-Yves Lenoir. Oui poésie entre prose, narration, anecdotes. C’est un véritable herbier aux mille nuances, essences et découvertes singulières. L’ouvrage se présente sous forme de courtes nouvelles le plus souvent rattachées au monde végétal Jean-Yves Lenoir tente de restituer ses lettres de noblesse à l’herbe folle. Il la réhabilite. Ce petit brin de verdure qui défie les lois de la cité, de la société, en pouvant investir la ville, en perçant le macadam, en descellant les briques des murs. Il faut le vénérer ce brin d’herbe, en faire un bouquet rivalisant avec la rose. Jean-Yves Lenoir retourne aussi au monde olfactif, aux senteurs de terre, de bois, de caves, autant d’images en suspension dans la mémoire. Au détour d’un paragraphe, il se surprend à rêver sur une clé, et si c’était celle du paradis ? Nous constatons dans la construction des phrases, des ruptures de rythme, des fragmentations. Nous basculons de la vie ordinaire, aux drames, aux frustrations d’amour, à la folie congénitale de la société.
L’herbe encore elle devient la reine, elle se fait l’aiguille d’une horloge, elle investit les vieilles maisons et miracle elle dessine :
« L’herbe sous le vent dessine un bijou sur une peau de femme. »
La facture de l’écriture se veut insolite, déroute, interroge, tout l’art réside à la description ou interprétations de ses signes colorés. On y croise des rêves de gosses, des rêves de romanichels qui flottent sur la Loire jusqu’aux Carpates.
Angélique est-elle une femme ou une plante ? Peut-être les deux !
Comme dans l’herbier les souvenirs sont classés, il s’agit de le feuilleter pour réveiller les pans d’une mémoire d’enfance oscillant entre le réel et l’imaginaire, la folie et le fabuleux.
Anaïs, Angélique, Lia, chiendent, prêle et pissenlit tous se confond, le temps s’estompe.
Ici je ne saurais vous suggérer que de vous laisser transporter par cette écriture personnalisée, de feuilleter « herbes » comme un grand herbier au hasard des chapitres pour peut-être y effeuiller des rêves. Et n’allez pas dire qu’ils n’existent pas, car « le poète prétend le contraires. » Laissons-le nourrir ses utopies.
Recension : Lasko Châline – « Bribes de vie en poésie » Editions les Poètes français – 2016- Format 15x21 81 pages.
Même à l’état de bribes, la poésie pour Lasko Châline est une respiration, un souffle de vie, un flot de bon sens et de logique naturelle. Lasko Châline est toujours au sens le plus large du terme en demande ou en attente d’amour, c’est ainsi qu’au fil de ses poèmes elle nous dispense de sages recommandations.
« Vieillissez sans regretter votre vie... »
La poésie parfois s’absente un petit peu, elle n’est pas toujours au rendez-vous, mais les battements de cœur sont omniprésents.
Lasko Châline chemine par fragment d’expérience, de vécu, elle transforme et poétise sa narration en écriture libérée et vers irréguliers, mais c’est bien là que notre amie Lasko Châline regroupe toutes les forces de son évocation.
Lasko Châline s’engage sur les sentiers du doute et des amours blessées.
« J’aimerais que tout recommence sans aucun doute
Mais mon amour s’est effiloché. »
C’est une poésie au sang mêlé, comme un poing levé qui voudrait briser ses chaines.
Lasko Châline entreprend l’inventaire des simples parcelles de l’existence, auxquelles chacun d’entre nous est un jour confronté.
La métamorphose de l’amour, avec ses appels, ses abandons, ses stigmatisations.
« Haine et amour
Feront toujours parti de ce monde. »
Nous basculons à la fois du ludique à l’inquiétude, du rêve à l’interrogation, de la passion au tourment !
« Me mettras-tu de côté
Quand tu penseras de moi avoir tout eu ? »
L’essentiel est dit simplement dans ce recueil : « Bribes de vie en poésie » c’est un regard, un hommage, une chansonnette joyeuse aussi et un remerciement à la vie malgré ses voies hasardeuses, indéfinies et incertaines.
C’est une volonté d’amour. Un pari !
"Je vous aime. Love ! »
Recension Nicole Portay Bezombes : « Passer dans la face éclairée du monde »
Editions Les Poètes français – 2016 – format 15x21 – 91 pages
« Je cueille l’autre moitié du soleil.../... » NPB.
Le simple titre de ce recueil : « Passer dans la face éclairée du monde » est très évocateur de la démarche de l’auteure, il évoque parfaitement l’intention d’une nécessité de quête vers une lumière régénérescente, besoin sans doute de fuir les ombres et obscurités anxiogènes de notre « civilisation » contemporaine. L’écriture de tendance classique se veut aussi très libérée, voire libre, mais toujours imprégnée d’un sorte de silence latent.
« Si ton silence était un baume
Posé sur la page du temps,.../... »
Nicole Portay Bezombes a un besoin absolu de renouveau et nous la voyons tresser des rêves de couleurs, ce qui à priori coule de source pour une adepte de l’aquarelle et du pastel.
De belles et singulières images ponctuent ses textes de lumières naissant en perles de rosées.
Telles des notes éclatantes, pourtant en noir et blanc, de délicates illustrations pastellisées enluminent ce recueil.
Reflexe de peintre-poète Nicole Portay Bezombes peint ses mots à l’encre de ses nuits, faute de pouvoir les inonder de couleurs.
« Les souvenirs couleur sépia
Ne parlent de rien
Alors je peins les mots à l’encre noire. »
Poésie très évocatrice, de bonne tenue qui nous transporte au delà de nous même, poésie vibrante et de velours.
Pour lumineuse que soit cette poésie, elle se drape d’amour.
Nous sommes ici confrontés à la poésie d’une peintre, qui sans doute écrie les mots qu’elle ne peut pas peindre, pour mieux peindre ceux qu’elle ne peut pas écrire.
« Je jette mon pinceau d’argent
Sur les mots, un coup de lumière. »
Ou encore
«Dans le miroir des mots
Je veux dessiner la beauté de l’âme.../... »
Musique, peinture, poésie posées sur la palette virtuelle de Nicole Portay Bezombes font un cocktail étonnant et cependant cohérant.
Elle brandit la poésie comme une arme pacifiée.
« Avec le peintre hisser haut la couleur.../...
.../...Sans armes gagner la paix.../... »
Avec la poésie pour seule défense, elle l’élève et la porte comme un étendard de paix, de tolérance, de partage où la révélation de l’image verbale ou picturale est prépondérante.
Il arrive parfois que nous croisions quelques singularités, comme le texte « V comme avenir » où chaque mot contient un V. Une façon à elle de manifester sa victoire.
Merci Nicole Portay Bezombes pour cette poésie précieuse, ciselée d’une main d’orfèvre où elle espère :
« Souligner le mot Amour
Sur l’étendard des soldats de la poésie. »
Nous refermerons ce recueil de poèmes sur une bannière d’espoir flottant au vent et qu’un peintre viendra mettre en couleur.
Recension : « Les chemins de lumière » de Véronique Flabat-Piot – Editions Les Poètes français – 2016 – 77 pages – format 15 x 21 - Postface Vital Heurtebize. (Illustration de couverture : Roland Flabat.)
Ce nouvel ouvrage de Véronique Flabat-Piot « Les chemins de lumière » s’offre à l’espace de liberté d’un ciel parsemé de routes informelles s’ouvrant sur autant de destinations inconnues et soulevant mille et une interrogations et réflexions. Où vais-je ? Qui suis-je ?
Avant de poursuivre, est-il bien nécessaire de rappeler ici combien Véronique Flabat-Piot maîtrise toutes les techniques et formes d’expressions poétiques, passant du plus rigoureux classicisme, sonnets, triolets etc. ...allant jusqu’aux textes les plus libérés.
Sans en abuser il me semble judicieux de souligner, car le fait devient de plus en plus rarissime, notre amie sait ce que poésie est sensée impliquer et surtout ce que cela veut dire.
Quittons cependant la forme pour nous retrouver et débattre sur le fond, auquel je demeure très sensible. Telle des pierres angulaires, l’importance de l’art et de son cortège réside sur les chemins de l’humain et quelles qu’en soient les sources, elle se fait le révélateur de l’amour.
« Si l’artiste parvient à murmurer « je t’aime »,
Des arcanes du doute, il sortira vainqueur ! »
« Les chemins de lumière » renvoient l’homme aux arts et à leurs créateurs afin de les extirper du doute.
L’art devient une possibilité de côtoyer une forme de vérité, de vivre une certaine idée de l’absolu.
Par sa passion de l’art et de la poésie Véronique Flabat-Piot rapproche les oppositions, le feu et l’eau, le verre et le plomb, l’encre et le parchemin. Ne rejoignons-nous pas la symbolique du vitrail, des passeurs de lumière ? Des « oeuvriers » pour reprendre un terme qui nous tient au cœur.
Questionnement, révélations, la ligne de conduite est tracée, elle devient transcendance.
Véronique Flabat-Piot effleure l’intemporalité d’un monde informel en gestation sous les doigts de l’artiste, de l’artisan, du poète.
Tout ceci est souligné avec délicatesse, finesse à l’aune de l’expérience.
Le « dit » sonne clair et juste.
Poursuivons ces chemins qui nous conduisent sur les degrés du sacré où de l’ésotérisme.
La poésie, l’art ne sont-ils pas des actes sacrés ? Si assurément !
« Tu toucheras l’occulte, en regardant les choses
Et verras le réel, en palpant le Divin... »
Etre poète c’est aussi savoir s’effacer au profit de l’humilité, de la pure beauté, d’une certaine vérité le plus souvent intangible, ineffable.
« N’être qu’un souffle
dernière expiration
de l’âme qui s’envole... »
Le poète est drapé de sensibilité, de vibrations profondes, de résonances intérieures, c’est peut-être pourquoi il en appelle encore plus à la tendresse.
« .../...je trouve, en mon tréfonds,
les fleuves de tendresse.../... »
Ingrédient difficilement dissociable de la poésie, le mysticisme n’est parfois pas bien loin, il frôle l’invisible, l’impalpable, il pressent un nouveau « prophète » qui pourrait dispenser des promesses d’amour à l’infini.
Au détour d’un poème, d’un vers, il nous arrive de rencontre une étrange allégorie, avec sa faux sur le dos : la camarde... Mais le poète est confiant, provoquant, il la défie, l’attend sans la craindre, car il sait que seul l’Amour perdure.
« Et j’aimerai,
j’aimerai,
j’aimerai...
...de toute la force de ma Vie,
aux confins de l’Eternité ! »
Permettez-moi ici de vous conseiller d’emprunter « Les chemins de lumière », faites en bel usage, en espérant qu’ils vous conduisent loin. Osez vous laisser transporter de l’humain au Divin, précisément là où :
« .../...tout et rien fusionnent,.../... »
Recension- « Présence d’esprits » de Karin Espada – Editions les Poètes français – Format 15x21 105 pages. Illustration photo de Steve Howard.
En première lecture le recueil poétique de Karin Espada « Présences d’esprits » se drape d’une intention classique et l’idée de basculer dans une poésie convenablement composée mais emprisonnée dans sa gangue et ses limites, nous saisit. Tel fût mon ressenti immédiat !
Cependant bien vite il nous faut réviser cet apriori, afin de mieux découvrir une écriture variée à facettes multiples et en définitif pas si classique que ça. Alors le bon sens voudra de nous laisser entrainer dans un échantillonnage de visions diversifiées et d’impressions le plus souvent vécues.
Après un petit périple bestiaire où une vaste faune animale est gratifiée d’un petit clin d’œil, chats, chiens, oiseaux, insectes et même crustacés, où son amour de l’espèce animale qui n’a rien à envier aux hommes, la conduisit jusqu’à braver un maitre indigne de la pointe de son parapluie.
« J’intervins cette fois en hurlant qu’il arrête
Mon parapluie brandi en guise d’arbalète.../... »
Mais la poésie est aussi pour Karin Espada une façon de militer et de s’insurger contre les comportements vulgaires et vils des hommes pilleurs et profanateurs de la mémoire du passé et des lieux sacrés témoins de l’histoire.
« Ceux qui profanent et saccagent
Les tombes et sarcophages.../... »
Nous y trouvons aussi les amours perdues qui brulent encore dans la tête et le cœur comme de simples lamparos.
« Le désespoir brûle en moi
Comme une poignée de braises.../... »
Ce recueil n’est pas dépourvu de quelques discrètes nuances érotiques l’esprit et le corps ayant leur raison.
Et je suis là, allongée,
Toute chaude et rassasiée,
Erotica sardonica,
Humide de fantasmes,.../... »
Souvent la poésie de Karin Espada se fait narrative et porte témoignage. Le souffle du quotidien défile de vers en vers, de poème en poème, la vie tout simplement s’accomplit.
Pour peu que nous nous laissions transporter au gré des textes une sorte d’inventaire de l’existence se déroule sous nos yeux.
Soulignons, la jolie illustration photographique de Steve Howard « Abandoned » qui dégage une insolite et poétique ambiance
Notre poétesse se livre, s’abandonne même aux rythmes saccadés de ses impressions.
Les textes se fragmentent de justes réflexions, de délicates sensations.
Par sa poésie régénératrice et bienfaisante Karin Espada en arrive à combler ses instants de solitude.
« Puisque ma présence
N’est que le regret d’une absence,.../... »
Textes énergiques parfois, qui ne peuvent pas nous laisser dans l’indifférence et dont l’emportement, la fougue, la spontanéité en arrivent à nous dérouter un peu.
Et comme le souligne dans sa postface Vital Heurtebize : « Laissons nous donc emporter ! »