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Parutions/Recensions*7
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par MICHEL BENARD
poeta honoris causa
Recension : Christian Malaplate – « La lumière tisse des volutes sur des pierres grises. »
Editions des Poètes français – 2017 - 91 pages – format 15x21 –Nous pourrions considérer Christian Malaplate, auteur de nombreux ouvrages, comme un pèlerin du Verbe, un itinérant de la poésie. Sa dernière œuvre « La lumière tisse des volutes sur les pierres grises » s’ouvre sur le paysage d’un voyage incertain. Aléatoire. Une allégorie pour un espace de l’ailleurs.
Avec ses mots, le poète avance à pas comptés sur les différents degrés de l’existence, symbole d’une secrète alchimie intérieure.« Pour franchir les lieux sacrés et pour écouter les puissances du Verbe. »
Les mots se font désert, femme, écume d’amour. Le langage est codé, se révélant parfois hermétique afin de mieux offrir sa lumière révélatrice. Le silence de la réflexion se veut pénétrant, nous entrons dans une légende, un conte, celui de l’homme avec cette volonté d’amour tellement inaccessible !
« Je prends dans ta main le goût de l’infini. »
Les mots sont porteurs de force, de pouvoir, il faut les respecter, les utiliser à bon escient avec le meilleur de leur possibilité. L’homme, pour Christian Malaplate, est toujours entre deux rives, prose et poésie, narration ou révélation, difficile parfois d’y trouver sa rive et pourtant les ponts de la destinée y sont érigés. Nous touchons ici au poético-philosophique, la réflexion vibrant sur un mode de pensée est dominante et s’ouvre sur le livre de la vie. Le poète serait-il toujours condamné à l’exil, en quête de ses racines, à la recherche d’un verbe salvateur qui sécurise et réconforte.« Cette soif d’infini suscite tant d’angoisse .../... »
Christian Malaplate s’interroge sur l’univers qui l’environne, il rêve sur les miroirs de l’âme et les chœurs des fabuleux opéras. Sa poésie nous invite à réfléchir sur nos conditions humaines et sur nous-mêmes - Suivre la trace ténue qui nous guide vers la révélation, la compréhension, le mystère de l’existence - Dans les pas chaloupés d’un tango rythmé par un bandonéon, le poète retrouve l’élan de la passion. Le parcours se veut parfois initiatique jusqu’à retrouver les signes dans la pierre, le site sacré et la puissance divine du verbe. Il me semble entendre parfois les chants de Novalis, Goethe ou Nietzsche. Dans une demi-brume nous apparaît le mystère mythique du Styx ou de l’Ile des Morts.
« .../...nous engagent vers un dialogue secret avec les éléments. »
Le symbole franchi, nous retrouvons vite la poésie et son goût d’infini, telle une langueur de parfum de femme.
« J’entends ton chant d’amour comme un baiser un baiser ? sur un bouton de rose. »
Christian Malaplate nous offre un kaléidoscope humaniste où se dépose l’interrogation globale de l’existence en ses arcanes. Les ténèbres et la lumière s’y conjuguent, dualité et complémentarité.
L’homme, entre ses pages, demeure l’incontournable et permanent questionnement. Le centre paradoxal. L’homme en sa sublimation, l’homme en sa corruption, l’homme en sa soumission, l’homme en sa sagesse.« L’homme esclave chante et danse pour défier l’humiliation. »
Nourrie des œuvres des grands poètes, la poésie de Christian Malaplate nous place souvent face à une énigme, au mystère de la pensée et du verbe venu d’ailleurs pour s’ouvrir sur l’inconnu, en cela reportons-nous à « Je est un autre »
Les images s’enchaînent jusqu’à réaliser un tableau verbal, jusqu’à planter un décor dans lequel nous pouvons rêver, flâner, nous interroger pour emprunter divers chemins.
Mais lequel est le vôtre, lequel est le mien, l’aventure se veut quelque peu ambivalente.
Poésie en confidence dont certaines visions humanistes, spirituelles ou associées à l’amour nous transcendent.
Le poète se doit de demeurer perpétuellement cet enfant qui parle aux nuages, aux arbres, aux oiseaux, qui court après ses chimères, les lèvres et les doigts tachés d’encre violette.
Dans cet espace du jardin de l’enfance la poésie nous transporte et elle :« Rend le présent si délicieux puisque j’ose vous le dire, je vous aime. »
Recension : Damienne Derreumaux « La liberté des petites heures. »
Editions les Poètes Français – 2016 – 61 pages – format 15 x 21.Ce recueil « La liberté des petites heures » de Damienne Derreumaux est un ouvrage attachant, plus proche de la narration en prose poétique libérée que de l’expression poétique classique, mais les textes de notre amie sont imprégnés d’humanité, de réflexions et questionnements sur un environnement illusoire autant qu’incertain, fragile et versatile.
Ces poèmes sont nés dans un souffle naturel et tout cela au fil de relecture et rangement de textes épars. Alors Damienne Derreumaux s’interrogea et se dit pourquoi ne pas simplement associer judicieusement ces textes et les offrir en partage à quelques amis ou âmes sœurs.
Cette dernière appartient à la génération « Peace and Love » pleine d’énergie, d’espérance et d’illusions. Epoque où l’on croyait tout possible, tout permis, libre du système et pauvres crédules nous l’avions cru. Incroyable innocence ! Damienne Derreumaux n’échappa pas à la règle et tomba dans le piège des imposteurs bâtisseurs d’utopie et fossoyeurs de générations. C’était le temps où nous rêvions de « l’Esperanto » de Katmandou, de Bénarès ou de Lhassa. Nous évoquions une forme de communauté mondiale sous les tipis, dans les bergeries du Larzac ou les maisons bleues de San Francisco.
« La pauvreté, mais surtout a trouvé
La lumière de l’Esprit. »
« De vrais
Voyageurs, une envie de parcourir
Le monde à nouveau,.../... »
En un mot nous caressions le grand rêve des citoyens de la terre.
Mais naïfs que nous étions, c’était bien peu connaître la fourberie chronique des hommes.
Oui les poèmes de Damienne Derreumaux laissent échapper quelques volutes d’encens aux senteurs et parfums d’un Mai 68. Nous le savons très bien, nous écrivons pour notre plaisir, un peu aussi pour les autres, mais au fond de nous même nous aimerions bien toutefois qu’un lecteur anonyme aime au moins nos quelques lignes si modestes soient-elles. Les textes de notre poétesse sont chargés de multiples expressions, d’images simples, de fragments de vie, d’impressions fugitives. Souvent elle use de peu de mots pour souligner l’essentiel, amours furtives, difficiles, souvent éphémères. Ici l’interrogation est souvent présente, la vie est un combat dont les ailes sont souvent brisées, mais la volonté surpasse tout et l’espoir reprend toujours son essor.
« Renier les difficultés passées,
Inventer le courage
De tenir encore
Debout. »
Ces petites heures de liberté sont la clé du bonheur en poésie, une quête de tendresse, de confidences. Besoin aussi d’une épaule de temps en temps pour y reposer la tête.
Notre poétesse affronte le passé qui s’efface, mais il lui reste l’errance au travers de l’album des souvenirs, et les
« Promesse d’avenir, pleine de découvrir.../... »
« Je suis seule et je dois
Ouvrir ma route. »
Recension : Danielle Miltenberger – « A l’écoute des vagues » Editions les Poètes français. 2016 – 63 pages – format 15x21
Nous connaissons tous Danielle Miltenberger pour son étroite collaboration dans le cadre du comité directeur de la société des Poètes français pour lequel elle s’investit avec efficacité. Pour peu nous en aurions oublié qu’elle est aussi poète. La plus belle démonstration nous en est faite au travers de son ouvrage : « A l’écoute des vagues. » L’écriture est vécue ici comme une révélation, une possible transcendance, une évasion intemporelle, un regard sociétal.
Au cœur de sa réflexion Danielle Miltenberger pose ses mots sur le silence, pour peut-être y cueillir une âme sœur ou même étrangère.
« .../...animer notre raison d’être
devenir son confident. »
Tout est si fragile dans le temps du passage, dans un éclat de rire et c’est l’interrogation qui s’installe.
« Dans un souffle murmuré
Où je dirai « je n’ai fait que passer... »
Danielle Miltenberger ne peut réellement s’exprimer que par une écriture en liberté, certains dirons libérée. D’une grande modestie notre poétesse nous révèle une écriture masquée, en demi-teinte, mais d’une intense maturité, une sorte d’aboutissement intime dont l’expression et l’expérience sonnent avec justesse. Les textes se veulent assez courts, simples, mais ils touchent à l’essentiel, à l’indicible parfois. Les soirs de questionnement et de solitude Danielle Miltenberger fait de la poésie son amie, lui confie ses expériences, elle lui décrypte ses notes de beauté qu’elle voudrait transmettre au monde.
« Quittant l’inconnu pour vous sourire
Ou réveiller quelques désirs... »
Parfois nous y percevons le souffle ténu d’une musique de Gesualdo Da Venosa.
Les amours y sont fragiles, furtives, jusqu’à rester délaissées sur un siège de métro. Danielle Miltenberger ébauche des fragments d’amour où elle aimerait susurrer ses espérances, y ériger son espace de vie, mais c’est toujours l’inconnu qui attend au bout de la rue.
Ses paroles sont celles de chacun d’entre nous en notre quotidien, en nos amours, nos désamours, nos abandons et solitudes. L’amour cependant donne des ailes, il fait flotter et dessine du rêve.
« De tes rêves fous tu n’as eu qu’espérance. »
Danielle Miltenberger nous ouvre délicatement les pages de son recueil, des pages de vie où elle effleure les problèmes de société, de l’émigration et de l’insertion, l’illusion de la terre d’accueil. Le drame également du nucléaire où l’homme joue toujours la destinée de l’humanité aux dés. Tel est l’apprenti sorcier que l’on baptise et cache sous le nom de progrès.
L’inventaire est dressé, le monde des hommes est en bien mauvaise santé.
Narration, témoignage, confidence, amour, un florilège de poèmes éparpillés tels des petits coquillages sur la plage d’un recueil qui aussi sent bon les embruns et la Bretagne.
« Violente, rageuse, elle balaie les côtes
Alors que les marins chahutés grelottent. »Recension : Gérard Laglenne « 10 ans sur l’Etrave Une forme fixe »
Editions les Poètes français. 2017. 105 pages. Format 15x21.
Connaissant la renommée de l’excellent poète Gérard Laglenne, que ne fut pas notre étonnement initial de constater, page après page, une sorte de compilation de textes de divers poètes et naturellement de l’auteur, présentant les multiples formes poétiques déjà publiées sur une décennie dans une revue des arts et des lettres, elle aussi bien connue.
Gérard Laglenne est un pèlerin de longue date sur les sentiers sinueux de la poésie, à ce point qu’il n’a plus rien à démontrer quant à la qualité de son écriture soucieuse de la règle, de la forme sans pour autant faillir sur le fond qui se veut solide. A ce niveau sans doute, aurait-il était judicieux que notre poète nous concoctât un ensemble de ses poèmes personnels sous leurs diverses facettes traditionnelles. Il y a là cependant une volonté bien déterminée de perfection et d’un rappel à la préservation de la haute tradition de la poésie française.
Gérard Laglenne le confesse, son propos n’est pas de prétendre apprendre, mais simplement de proposer un résumé succinct des formes essentielles au service des poètes qui voudraient en tirer profit. A l’heure où bien des valeurs sont bafouées, nous sommes face à l’apologie de la haute tradition poétique, ce qui est tout à fait en l’honneur de Gérard Laglenne qui nous propose un petit traité de versification. Toutes les règles et formes de la construction poétique sont rappelées. Plaisir également de retrouver des noms familiers et amis comme par exemple, Phileas Lebesgue le poète paysan à l’esprit universel, Pierre Hulin plume si délicate, Eliane Zunino-Gérard que l’on ne présente plus. Soulignons aussi la présence de phares tels, Charles d’Orléans, Arthur Rimbaud, Albert Samain etc.
Petite touche finale où nous admirerons cette jolie première de couverture que nous devons au merveilleux et grand peintre Michel Tesmoingt, immense illustrateur des poètes de sa génération et dans cet esprit, nous songeons au délicieux poète Roland le Cordier dont un bon nombre d’ouvrages furent illustrés par ce dernier.
Recension Jean-Yves Lenoir « Herbes » éditions les Poètes français – 2015 – 123 pages – format 15x21.
Poésie dites-vous ? Peut-être pas poésie !
Finalement si poésie, car elle est source et sève de vie.
Et c’est bien de vie absolue dont il s’agit dans « Herbes » le dernier ouvrage de Jean-Yves Lenoir. Oui poésie entre prose, narration, anecdotes. C’est un véritable herbier aux mille nuances, essences et découvertes singulières. L’ouvrage se présente sous forme de courtes nouvelles le plus souvent rattachées au monde végétal Jean-Yves Lenoir tente de restituer ses lettres de noblesse à l’herbe folle. Il la réhabilite. Ce petit brin de verdure qui défie les lois de la cité, de la société, en pouvant investir la ville, en perçant le macadam, en descellant les briques des murs. Il faut le vénérer ce brin d’herbe, en faire un bouquet rivalisant avec la rose.
Jean-Yves Lenoir retourne aussi au monde olfactif, aux senteurs de terre, de bois, de caves, autant d’images en suspension dans la mémoire. Au détour d’un paragraphe, il se surprend à rêver sur une clé, et si c’était celle du paradis ? Nous constatons dans la construction des phrases, des ruptures de rythme, des fragmentations. Nous basculons de la vie ordinaire, aux drames, aux frustrations d’amour, à la folie congénitale de la société. L’herbe encore elle devient la reine, elle se fait l’aiguille d’une horloge, elle investit les vieilles maisons et miracle elle dessine :
« L’herbe sous le vent dessine un bijou sur une peau de femme. »
La facture de l’écriture se veut insolite, déroute, interroge, tout l’art réside à la description ou interprétations de ses signes colorés. On y croise des rêves de gosses, des rêves de romanichels qui flottent sur la Loire jusqu’aux Carpates. Angélique est-elle une femme ou une plante ? Peut-être les deux ! Comme dans l’herbier les souvenirs sont classés, il s’agit de le feuilleter pour réveiller les pans d’une mémoire d’enfance oscillant entre le réel et l’imaginaire, la folie et le fabuleux. Anaïs, Angélique, Lia, chiendent, prêle et pissenlit tous se confond, le temps s’estompe.Ici je ne saurais vous suggérer que de vous laisser transporter par cette écriture personnalisée, de feuilleter « herbes » comme un grand herbier au hasard des chapitres pour peut-être y effeuiller des rêves. Et n’allez pas dire qu’ils n’existent pas, car « le poète prétend le contraires. » Laissons-le nourrir ses utopies.Recension- « Présence d’esprits » de Karin Espada – Editions les Poètes français –
Format 15x21 105 pages. Illustration photo de Steve Howard.En première lecture le recueil poétique de Karin Espada « Présences d’esprits » se drape d’une intention classique et l’idée de basculer dans une poésie convenablement composée mais emprisonnée dans sa gangue et ses limites, nous saisit. Tel fût mon ressenti immédiat ! Cependant bien vite il nous faut réviser cet apriori, afin de mieux découvrir une écriture variée à facettes multiples et en définitif pas si classique que ça.
Alors le bon sens voudra de nous laisser entrainer dans un échantillonnage de visions diversifiées et d’impressions le plus souvent vécues.
Après un petit périple bestiaire où une vaste faune animale est gratifiée d’un petit clin d’œil, chats, chiens, oiseaux, insectes et même crustacés, où son amour de l’espèce animale qui n’a rien à envier aux hommes, la conduisit jusqu’à braver un maitre indigne de la pointe de son parapluie.
« J’intervins cette fois en hurlant qu’il arrête
Mon parapluie brandi en guise d’arbalète.../... »
Mais la poésie est aussi pour Karin Espada une façon de militer et de s’insurger contre les comportements vulgaires et vils des hommes pilleurs et profanateurs de la mémoire du passé et des lieux sacrés témoins de l’histoire.
« Ceux qui profanent et saccagent
Les tombes et sarcophages.../... »
Nous y trouvons aussi les amours perdues qui brulent encore dans la tête et le cœur comme de simples lamparos.
« Le désespoir brûle en moi
Comme une poignée de braises.../... »
Ce recueil n’est pas dépourvu de quelques discrètes nuances érotiques l’esprit et le corps ayant leur raison.
Et je suis là, allongée,
Toute chaude et rassasiée,
Erotica sardonica,
Humide de fantasmes,.../... »
Souvent la poésie de Karin Espada se fait narrative et porte témoignage. Le souffle du quotidien défile de vers en vers, de poème en poème, la vie tout simplement s’accomplit. Pour peu que nous nous laissions transporter au gré des textes une sorte d’inventaire de l’existence se déroule sous nos yeux. Soulignons, la jolie illustration photographique de Steve Howard « Abandoned » qui dégage une insolite et poétique ambiance Notre poétesse se livre, s’abandonne même aux rythmes saccadés de ses impressions. Les textes se fragmentent de justes réflexions, de délicates sensations. Par sa poésie régénératrice et bienfaisante Karin Espada en arrive à combler ses instants de solitude.« Puisque ma présence, N’est que le regret d’une absence,.../... »
Textes énergiques parfois, qui ne peuvent pas nous laisser dans l’indifférence et dont l’emportement, la fougue, la spontanéité en arrivent à nous dérouter un peu.
Et comme le souligne dans sa postface Vital Heurtebize : « Laissons nous donc emporter ! »Recension : Lasko Châline – « Bribes de vie en poésie » Editions les Poètes français – 2016- Format 15x21 81 pages.
Même à l’état de bribes, la poésie pour Lasko Châline est une respiration, un souffle de vie, un flot de bon sens et de logique naturelle. Lasko Châline est toujours au sens le plus large du terme en demande ou en attente d’amour, c’est ainsi qu’au fil de ses poèmes elle nous dispense de sages recommandations.
« Vieillissez sans regretter votre vie... »
La poésie parfois s’absente un petit peu, elle n’est pas toujours au rendez-vous, mais les battements de cœur sont omniprésents. Lasko Châline chemine par fragment d’expérience, de vécu, elle transforme et poétise sa narration en écriture libérée et vers irréguliers, mais c’est bien là que notre amie Lasko Châline regroupe toutes les forces de son évocation.
Lasko Châline s’engage sur les sentiers du doute et des amours blessées.
« J’aimerais que tout recommence sans aucun doute
Mais mon amour s’est effiloché. »
C’est une poésie au sang mêlé, comme un poing levé qui voudrait briser ses chaines.
Lasko Châline entreprend l’inventaire des simples parcelles de l’existence, auxquelles chacun d’entre nous est un jour confronté.
La métamorphose de l’amour, avec ses appels, ses abandons, ses stigmatisations.
« Haine et amour
Feront toujours parti de ce monde. »
Nous basculons à la fois du ludique à l’inquiétude, du rêve à l’interrogation, de la passion au tourment !
« Me mettras-tu de côté
Quand tu penseras de moi avoir tout eu ? »
L’essentiel est dit simplement dans ce recueil : « Bribes de vie en poésie » c’est un regard, un hommage, une chansonnette joyeuse aussi et un remerciement à la vie malgré ses voies hasardeuses, indéfinies et incertaines.
C’est une volonté d’amour. Un pari !
« Je vous aime. Love ! »Recension : Timothée Bordenave – « Paris La Nuit » Éditions les Poètes français.
Format 15x21 – 59 pages.
Récidive plutôt sympathique de Timothée Bordenave qui nous revient avec son nouveau recueil « Paris La Nuit. » Cela nous impose d’aborder cet ouvrage dans le costume d’un noctambule et de contempler Paris comme une jolie femme drapée de mystère et grimée d’une étrange beauté. L’écriture est libre, narrative, se voulant parfois quelque peu hermétique, une manière de mieux graver en nous l’énigme du poème. Timothée Bordenave se laisse transporter dans les alcôves secrètes des amours clandestines et incertaines, entre une étoile naissante et les froufrous de l’amante dont les yeux de l’amour sont parfumés d’absinthe.
Dans les langueurs de ses jeux libertins, l’auteur poursuit son rêve d’enfant, il explore en alexandrins plus ou moins réguliers, les nuages, les châteaux forts et se laisse dériver dans le bateau à voile de son imaginaire. La poésie pour Timothée Bordenave est un noble moyen d’ériger sa vie afin de s’extirper du quotidien, de la morosité ambiante, alors oui, il vole, il rêve. Il jette ses vers sur le papier un peu comme une bouteille à la mer, ou une paire de dés qui roulent sur le tapis vert, et il s’en remet à la providence. Timothée Bordenave le confesse, il a besoin du rythme de la vie, de ses turbulences, mais surtout d’un espace où il cultive son petit lopin de paradis. Souvent sa poésie verse dans l’explicatif, il joue avec les mots, s’invente des rébus, des traits d’humeur. Il use de la poésie comme d’une arme pour son autodéfense, aussi dérisoire soit-elle. Il se protège ainsi bien mieux de la société et de ses controverses. De surcroît, il est un poète amoureux dont l’esprit se nourrit d’humour et de dérisions. Dérisions plurielles, oui ! Car il n’y a qu’un poète pour faire une déclaration d’amour à l’amour ! Eh bien, notre ami rayonnant de crédulité n’a de cesse de le courtiser, conscient néanmoins de la fragilité et de la vulnérabilité de cet amour. Nous percevons chez lui un côté Petit Prince qui nous émeut de tant d’innocence lorsqu’il voyage avec les anges. Timothée Bordenave est un marchand de rêve où la poésie ne trouve peut-être pas toujours son compte, mais qui finalement s’impose lorsqu’il nous plonge dans :
« Les souvenirs des rois
Des fées des magiciennes
Et de leurs citadelles...
.........................................
Et c’est fou comme on s’aime
Amour heureux combat. »Recension : « Il Veneziano » de Christian Lamoureux – Editions les Poètes français – 2017 – Format 15x21 nombre de pages 65.
Ces nouvelles pages du recueil de Christian Lamoureux « Il Veneziano » s’ouvrent sur les mystères des brumes et des masques du Grand Canal à l’ombre omniprésente de Casanova qui s’y profile car venant de s’échapper des plombs.
Il est bon de retrouver dans des vers qui ont choisi d’être libres, les émotions, les fusions embrasées de l’Eros. L’amour libertin n’est-il pas le plus beau synonyme de liberté ?« Un grain de beauté / A l’orée / Du bas / Petit soleil noir.../... »
Le poète Christian Lamoureux le bien nommé, se fait galant. Le langage est lissé, patiné, courtois, d’un autre temps et conviendrait bien à l’esprit de l’Académie Erotydia.
Révélateurs des amours mondaines ou courtoises, les textes sont traités selon l’esprit du XVIII siècle avec son langage et sa manière ampoulée.
Suivons le parcours malicieux d’une mouche coquine.
Toujours exprimés en langage choisi, nombreux textes sont chargés d’une subtile et évocatrice beauté érotique.
Le poète, à l’instar de Casanova, nous entraîne dans des concerts privés des plus émoustillants où, pour le seul plaisir de son amant, la claveciniste joue, nue, des partitions de Couperin.
Aux travers des jeux de langages singuliers, quelques regrets nous caressent lorsque le poète s’autocensure. Ah ! Foudres du ciel, que de belles visions imaginaires sont là perdues. A vous donc d’en élaborer la suite.
Nous sommes conduits dans les arcanes de l’amour courtois à deux pas de l’amour grivois. Où est la frontière ?« Penchée en sa bergère, / Elle me lisait du Sade... /... »
Imaginez une ravissante dame simplement vêtue de bas et de jarretelles jouant du violoncelle, la vision est des plus érotiques.
Oui, érotisme et poésie, le cocktail est détonnant, le verbe s’en trouve embelli de soierie et le lecteur, pour peu qu’il soit sensible à la beauté érotique, est transporté dans un jardin humide et parfumé des pollens de l’amour.
Au cours de notre ballade romantique et poético-érotique, nous croisons de beaux esprits, Vivaldi, Sade, Couperin, Da Ponte, Le Tintoret etc. etc.
Mais aussi de belles délurées, marquises ou courtisanes libérées, d’amoureuses et langoureuses servantes primesautières.
L’amour ici se cache derrière un loup de soie, taillé en quelques dentelles intimes et larmes de sécrétions charnelles.
Courtoise, galante, subjective, voilà une poésie bien enivrante et distrayante.« L’Ange épousa la Dame / Dans un bruissement d’ailes, .../... »
Délicieuses visions de Christian Lamoureux qui caresse par peintre interposé le fantasme de l’amour proscrit, coupable, mais tellement enivrant avec une religieuse.
Pour votre bonne conscience poète Christian Lamoureux, allez faire pénitence et mea-culpa !
Mais surtout revenez-nous vite car, par votre amour des mots, nous effleurons d’amour les corps.GRAINS DE VIE
JEAN DORNAC
Préface de Michel Bénard
Lauréat de l’Académie française
Éditions les Poètes français, 4e trimestre 2017Dans la tempête le poète louvoie, avec pour compagnes des vagues qui le font trembler, il tangue sur les franges du quotidien, il hésite, se retourne, Ô cruel destin / qui fait de l’amour / une pénible servitude. Il fait front sur le reflux de son ouragan intérieur, qu’il remaille pour en faire un enclos : laisse-moi me reposer près de ton âme / berce-moi de ton rire joyeux. Dans les jours déchus, funambule sur des lignes d’espoir, il essaie de trouver une plage plus sereine : Au long des routes et du hasard / j’ai entrevu des portraits / que mon âme refoulait… que ton visage de tendresse / m’enveloppe au plus tendre de ton cɶur.
Seul, il avance quels que soient les naufrages, les brûlures, les morsures de la solitude : rude compagne / qui s’accroche en rageuse harpie / me rappelant sans cesse / que la fin est proche, avec parfois l’œil rivé sur un phare lointain qui clignote : quelques braises pour éclairer la nuit du cœur / Ô femme, tu n’es jamais loin / de son encre et ses désirs / toujours, tu es présente / dans les recoins de mon âme.
Dornac est un exilé du bonheur : Que je sois mort ou vivant / qu’importe au demeurant ? /mais je crie mon désespoir / d’avoir déjà perdu …les délices du possible.
Il vit avec ses cicatrices. Flux, reflux des brisures sur ses sentes grises, illuminées parfois, comme ici dans ce recueil, par les éclats de lumière de la poétesse, peintre Ode. Les couleurs de ces illustrations éclairent les espoirs calcinés mais s’associent aussi aux souvenirs d’enfance si vivaces qui lui tiennent encore lieu de compagnons, de chemin de vie : nostalgie d’une époque douce / où ma petite cuillère / suffisait à mon bonheur.
Ces grains de vie déposés en grande partie par la grand-mère du poète sont l’humus où a pulsé la germination de son être Tu as guidé les jours et les ans / de ma plus tendre enfance : tu as fait de moi / ce que je suis /ta vie était mon bonheur. C’est pourquoi, avec une immense reconnaissance, l’auteur a dédié ce recueil à sa chère grand-mère : A ma grand-mère Marie, qui m’a ouvert à l’amour sans frontière et dont l’image reste gravée dans mon cœuret mon esprit.
Dornac, avec des mots qui trouent les ronces, ne voudrait offrir que l’églantine, la violette, la rose sans les épines : les poètes font l’amour avec la beauté / tutoient les dieux … frêles membranes sous les tourments / les souffrances et les douleurs. Ses textes tracent un vibrant sillon de sensibilité : mais qui donc a le pouvoir / de faire taire le vent ?
Le poète croit encore, aux creux de ses nuits d’encre, aux murs d’aube, ceux qui affichent des alphabets d’or aux courbures d’ancolie et de chairs vives, à ces épitres où se tissent les chimères qui font vivre et aux sourires, tulles légers sur ses meurtrissures, vagabondage d’Éros à l’ombre des ombres.
Entre silence et tremblement, à la racine des orties, Dornac trace, sans cesse, sur sa page blanche les petits riens de l’enfance qui façonnent l’homme, enroule les lettres dans la promesse des nuages et l’odeur des songes brûlés, dessine les syllabes, lianes noires pour une prière : lorsque mon jour arrivera / que la nuit tombera sur mes yeux /…ne m’enfermez pas dans une caisse…que l’essence de mon être / s’envole vers le ciel. Dans la tissure de ses lignes se dessine le début et la fin du cri.
En refermant ces Grains de Vie, nous repensons aux lignes de Paul Éluard : je suis au bras des ombres / je suis au bas des ombres / et les ombres m’attendent. Pour le plaisir des lecteurs puissent-elles attendre longtemps.
Jean Dornac a créé et gère le site : couleurs poésie 2 où se retrouvent peintres et poètes, on peut aussi le retrouver sur son blog twitter.
Nicole Hardouin