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Poésies :
ODILE
Odile rêve au bord de l’île
Lorsqu’un crocodile surgit
Odile a peur du crocodile
Et lui évitant un « ci-gît »
Le crocodile croque Odile.Caï raconte ce roman
Mais sans doute, Caï l’invente
Odile serait vivante
Et dans ce cas là, Caï ment.Un autre ami d’Odile, Aligue
Pour faire croire à cette mort
Se démène, paye et intrigue
D’aucuns disent qu’Aligue a tort.JEAN COCTEAU
L’AQUARELLE
Dans un jardin contigu
A ma chétive maisonnette
Peint sous le chaud soleil aïgu
L’enfant chétive mais honnête.Dans un récipient exigu
Ses petits pinceaux font trempette
Pinceaux poil de cheval bégu
Poil de blaireau, poil de belette.Elle aquarellise vraiment
Elle est bien dans son élément
La vierge aux poses si gentilles.Musset ne l’a-t-il pas chantée
Avec sa grande autorité ?
Aquarell’ veut les jeunes filles !ALPHONSE ALLAIS
à Sully-Prudhomme...
LE PNEU CREVÉ
Le pneu de cette bicyclette
Par un caillou fut éraflé
Le recordman à l’aveuglette
Avait ce jour fort pédalé.Et la légère meurtrissure
Dans le fragile caoutchouc
D’une marche invisible et sûre
A creusé lentement son trou.Son air comprimé sur la route
Petit à petit s’est sauvé
Le pneu n’ira pas loin sans doute
N’y touchez pas, il est crevé.ALFRED BEJOT
LA TASSE
Deux mouches discutaient
Sur le bord d’une tasse
Elles avaient l’air futées
Et parlaient à voix basse.Elles parlaient du Bon Dieu
Du Pape et de l’Église
De ceux qui étaient pieux
De Saint-François d’Assise.D’un ton bien impoli
Voire irrévérencieux
La tasse interrompit
Ces propos religieux.Épargnez-moi de grâce
Vos religiosités
Moi je suis une tasse
Mais une tasse athée…GÉRARD DEJOUX
à Sully-Prudhomme...
LE GOSSE FRISÉ
Délicat comme une verveine
Frais et charmant comme un amour
Le petit enfant se promène
Dans les jardins du Luxembourg.Une merveilleuse frisure
Orne son front superbe et pur
E t rayonnant en sa figure
Ses yeux sont clairs comme l’azur.Il marche, nature chétive
Sous la surveillance attentive
De celle qui guide ses pas.Il ne peut souffrir qu’on l’effleure
Et quand on le caresse, il pleure…
Il est frisé : n’y touchez pas !FRED
LA RÉVOLUTION FRANÇAISE
Marat
Des montagnards
Tu fus le premier
De Corday !Ah ! Les imprécations de Camille
Qui jeta son bonnet phrygien
Par-dessus Desmoulins !Montre ma tête au peuple
Elle en vaut la peine,
La peine capitale ?Mais où sont les neiges
Danton ?ROLAND BACRI
QUELLE SANTÉ
J’ai bonne mine
Demanda le crayon
Rouge
A son voisin.Je vous trouve
Les traits tirés
Répondit-il
Avant de se tailler.Et il partit à la pêche
A la ligne
Sur un cahier
A la mine de papier mâché !
DANIEL LACOTTED’UNE LUNE A L’AUTRE
Ne vous dérangez pas pour nous,
Laïtou
Nous passons à toute vitesse,
Un petit bonjour et c’est tout.
Salut l’ami, salut à tous
Laïtou
Non, rien de spécial à vous dire,
Nous filons à toute vitesse,
Laïtou
On voulait vous faire un sourire
Et c’est tout.
NORGE