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Parutions/Recensions*13
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par MICHEL BENARD
Lauréat de l’Académie française.
Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres.
Poeta honoris causa.Recension : Bernard Poullain – Chemins d’incandescence -
Préface : Christian Malaplate
Photographie de la couverture : Francou (Briançon)
Format 14.5x21 nombre de pages 81- 2020 -Au travers de la voie de son nouveau recueil « Chemins d’incandescence », Bernard Poullain nous parle d’une terre qui nous rapproche du ciel. À peine lues les premières lignes, nous découvrons un ouvrage placé sur les voies du symbole, du sacré, voire du mystique, ce que ne saurait dénier son préfacier de référence Christian Malaplate, qui par sa perception donne à l’œuvre son assise fondamentale. Cette préface est un remarquable « introït » qui nous ouvre avec clairvoyance les pages de cet ouvrage. Bernard Poullain donne à la poésie le sens d’une prière solidifiée et retissée de liens humanistes. La liberté est au bout de chaque vers. La poésie est un passage étroit dans le temps qui conduit vers la lumière. Elle restitue la vie telle une goutte d’eau dans le plus aride des déserts. La poésie ici touche à sa dimension salvatrice et rédemptrice, elle peut même aller jusqu’à côtoyer le sublime. Ce recueil est une preuve tangible d’un témoignage de vie dans un instant d’espérance qui transcende la mort. Il y a cette notion du mystère chrétien que l’on retrouve dans bon nombre de religions, l’énigme cachée de l’origine. Et si dans ce chaos programmé, seule la beauté pouvait nous racheter et si par extension elle déchiffrait ce mystère ? La vie passe inévitablement par la mort, elle la provoque, la défie, Bernard Poullain use d’une grande sensibilité, mais néanmoins le doute s’installe. Quand « Dieu » viendra-t-il vers l’homme qui en sa crédulité, l’appelle désespérément. D’ailleurs la question reste posée et demeure en suspens « Apparaitra-t-il vraiment ? » Cette poésie de Bernard Poullain est d’une extrême subtilité et vient frapper délicatement à la porte de l’âme, nous nous surprenons même à y percevoir des parfums de paradis. À l’heure où le monde, la société, sont en pleine mutation de mondialisation, ce qui n’est pas des meilleurs augures, il est bon de lire les poèmes de notre auteur, ils nous ressourcent, nous resituent sur la voie des vraies valeurs. Son écriture nous tranquillise en nous invitant à conserver l’espoir au cœur de cet étiolement social et humain. Lorsque le poète se questionne sur l’énigme du monde au risque de se perdre dans les sphères de l’éternel, il lui semble bon de retrouver la quiétude de son village endormi, il y a ici une ambiance sécurisante. Bernard Poullain, poète, n’en est pas moins un homme vulnérable qui s’interroge sur le temps, sur le mystère des saisons à l’heure du grand dérèglement ! Combien d’années encore où les fleurs chaque printemps refleuriront, garantes de l’incarnation de la vie et de la beauté, ce bouquet divin ? Combien de temps ? Qu’importe, le poète sait que tout est éternel, seul change l’angle de vision. Dans son ensemble la technique de Bernard Poullain est classique, mais elle ne rêve que de liberté et quelle forme d’expression mieux que le haïku peut le prouver. Le haïku chez notre puriste, porte à la contemplation en restituant la mesure de l’homme dans sa fragilité et l’éphémère de sa constitution. Par le haïku, Bernard Poullain frôle l’essentiel, intensifie son ressenti dans son pèlerinage du beau. Par le haïku notre ami cherche l’émotion spontanée, la densité première, tel le joaillier en quête de l’absolue pureté du diamant, ici en peu de mots la mémoire se révèle, elle perle doucement telle la sève sur le tronc de l’arbre. La beauté est le fil d’Ariane de Bernard Poullain, elle englobe le sens de la vie, le rapport au cosmos et dévoile la sagesse « Je m’énivre de Beauté. Je recherche le beau. » Notre poète a pleinement conscience que la vie est un voyage hasardeux et précaire dont les traces s’effacent sur le sable, tout comme la musique s’envole vers les cimes éthérées pour concerter avec les anges. Le poète nous offre des espaces de réflexion, des temps de respiration en prose où la pensée se libère, en prend à son aise pour confirmer ses « dits » La poésie de Bernard Poullain doit se lire comme une forme de résurrection où le verbe devient la transcendance de la beauté. Thème essentiel et récurrent d’une quête symbolique tout autant que spirituelle. Nous sommes ici confrontés à une forme de poésie mystique qui n’est pas sans faire songer à « La vive flamme d’Amour » de Saint-Jean de la Croix. C’est ainsi que Bernard Poullain s’adresse aux femmes du désert comme Thérèse d’Avila ou la reine de Saba. Le désert a une attirance majeure qui prend surtout une résonance spirituelle. Le désert fort de sa vacuité offre des thèmes se déclinant à l’infini. Il y a, toutes proportions gardées chez Bernard Poullain, un petit côté Pères du désert : « Le silence devient alors / Parole de l’âme, / Le silence est la respiration de Dieu / Ainsi nous forge le désert / Messager d’une parole mystère. »
Michel Bénard.
Recension : Jin Siyan – « Kalavinka – Oiseau à la voix sublime. »
Préface Michel Bénard.
Illustrations Laure Chen.
Editions les Poètes français – 2020 –
Format 15x21 nombre de pages 119
C’est un voile léger de la mémoire qui inspire et imprègne cet émouvant et transcendant recueil de la poétesse et femme de lettres Jin Siyan : « Kalavinka Oiseau à voix sublime. » La vie ici reprends un sens, elle retrouve un souffle et porte son regard tel un lien au-delà du visible. Par le mystère de la poèsie l’auteure reprend peu à peu contact avec l’âme de l’être cher, elle réapprend son histoire et la comprend.« Qui que tu sois, Oiseau / Je suis ta terre mère solide sous tes pieds.../... »La mémoire ici est ponctuée par une légende ancestrale, celle que racontent les dessins à l’encre de chine de « l’Oiseau » qui en appelle à la nature, ce cycle de l’éternel retour. La poétesse, qui est avant tout une mère ne l’oublions pas, transgresse les lois du destin pour léviter vers le monde de l’invisible. Par le rêve Jin Siyan se métamorphose en étoile pour tout simplement franchir les degrés cosmiques, les échelons de la connaissance qui iront jusqu’à lui faire découvrir dans un grain de sable tout le principe actif de la vie, de l’univers où le grand TOUT ne fait plus qu’UN. « La Vie la Non-Vie. » Jin Siyan la poétesse se fond dans l’univers, il n’y a plus, ni passé, ni présent, ni futur, le facteur temps est inexistant, la création éternelle est globale. La mort n’existe pas, elle n’est qu’un passage où Jin Siyan se fait semeuse du bout du monde et où elle cultive ses rêves de Kalavinka l’Oiseau sur les marches du temple de l’éveil où les mots s’envolent loin des rumeurs du monde. L’absente demeure le fruit de toutes les inspirations, elle est source de la vie :« Tu es source de mon poème. » Ce poème se prolonge comme une fulgurance lumineuse autour d’une sonate de Schubert où les gammes s’envolent vers la voie de la renaissance où est perché l’Oiseau.
Michel Bénard
Recension : Isabelle-Marie Echégut « Les abysses du cœur »
Introduction et illustration Nicole Portay.
1ère de couverture photo : Isabelle-Marie Echégut.
4ème de couverture Jean-Charles Dorge.
Autres illustrations : Aurélien Brun- Noël Riche- Sébastien Cosset- etc.
L’auteure Isabelle-Marie Echégut nous est bien connue à la Société des Poètes français, au titre de sociétaire fidèle de longue date, mais également au titre de déléguée. Nous en connaissons l’œuvre qui comme le dit notre président Jean-Charles Dorge est celle d’une femme qui appartient à la race des authentiques résistants. Ce n’est pas un vain mot, car notre poétesse militante a fait de sa vie un combat contre l’iniquité. Son œuvre qui oscille entre roman et poésie ne nous est pas étrangère, avec il est vrai une certaine note de nostalgie posée sur le fil de l’existence. En son introduction, Nicole Portay voit en cette poésie d’Isabelle-Marie Echégut une désespérance qui chante l’espoir : « Avec courage, ouvrons enfin un chant d’amour ! » Le poids des mots porte parfois la résonnance de l’expérience de la vie. C’est pourquoi face à la neutralité ambiante souvent ternie, notre poétesse rêve d’un monde en couleur. Oui, Isabelle-Marie Echégut a des mots lumineux, colorés afin de déposer un peu d’optimisme dans son environnement, qui au demeurant ne nous apparait pas sous un angle des plus enviables. Cette dernière est dans un questionnement permanent sur le système, sur l’iniquité de la société plus précisément, non, le bonheur n’est pas si évident, il faut savoir le cultiver. Isabelle-Marie Echégut a l’âme d’une militante, toujours prête à servir les causes perdues, à tendre la main aux démunis, n’espérant jamais rien en retour. Toutefois le plaisir n’est en rien proscrit, ainsi notre poétesse s’amuse parfois à de petits exercices de style en réalisant des alphagrammes, qui ne sont en fait que des traces de mémoire de vie. Elle se prend souvent à imaginer qu’elle met du bleu dans un ciel d’or dont les bienfaits retomberaient sur l’humanité. Donner est pour elle similaire à recevoir, elle fait de la poésie une prière. Ainsi que le souligne justement Nicole Portay, notre poétesse sait écrire le verbe aimer qu’elle décline à tous les temps. Mais à bien y réfléchir, pour vouloir autant dispenser d’amour, ne serait-ce pas justement de cet amour dont elle se sent la plus écartée, la plus démunie ? La poésie ici peut conduire à une autre forme d’altruisme. L’écologie ! Isabelle-Marie Echégut en portant son regard sur le monde menacé, fait irrémédiablement le lien naturel avec l’écologie pour laquelle elle entre en action dans les mouvances du commandant Cousteau et de Nicolas Hulot. Il y a dans cette poésie un grand besoin de s’extirper du magma anxiogène du monde pour retrouver un souffle nouveau, un chant d’espérance. Impossible de dissocier la poésie de notre amie de sa soif inextinguible de son engagement d’écologiste profondément convaincue bien avant que le mot ne soit de mode. Au fil de notre lecture, nous découvrons quelques référents de cœur, tels Marceline Desbordes Valmore, La Fontaine, Ronsard, Apollinaire, Baudelaire, etc. Ah ! J’allais oublier Mère Teresa, c’est l’évidence, tout ici rentre dans l’ordre. Pour conclure, je laisserai la parole à l’arbre qui nous offre ses prières : « Ecoute, Homme / Laisse-moi vivre pour témoigner de l’histoire / Laisse-moi vivre pour que tu vives, Homme / Je t’implore, homme / Ecoute ma prière qui est à l’Univers.
Michel Bénard.
Recension : Marie-José Dégeil- Delpeyré – « Poèmes d’adolescente » –
Préface de l’auteure.
Photographie de première de couverture de l’auteur.
Format 15x21 nombre de pages 69
Editions les Poètes français – 2020 –
Il est un temps pour tout, semer, récolter et c’est exactement ce que vient de faire Marie-José Dégueil-Delpeyré en nous délivrant un bien agréable recueil « Poèmes d’adolescente » regroupant quelques souvenirs anciens, dont les textes voyagèrent entre l’Italie, la France et les Etats-Unis pour enfin nous revenir nimbés de tendresse, mais parfois aussi de détresse. La jeune poétesse ayant écrit ces textes dans une époque où tout espoir était envisageable, outre une sensibilité poétique ne demandant qu’à s’exprimer, ne manquait pas de charme, ni de beauté, le simple fait de la regarder évoque déjà la naissance de la poésie. Elle portait en elle l’amour de la vie, l’amour tout court. Elle voit la poésie comme un déclencheur de vie, de rêve, d’espérance, de promesse sur un monde en gestation. Ce sont des poèmes où la vision est encore atténuée par l’innocence, mais où tout est permis, où tout devient possible. Les textes sont simples mais d’une belle sensibilité imagée, celle des premiers pas de liberté sur les chemins de l’existence. Nature, amour, tendresse, rêve, ivresse, mort, détresse, tous les ingrédients sont réunis pour la composition d’un excellent poème. Les choses les plus simples se font poésie, petits bonheurs, étonnements, émotions. La poésie ici est déjà un besoin de renouveau, de voyage, de découverte, le rêve alterne avec la vie. Voici une bien sympathique invitation à cueillir les mots en fleurs et les songes fanés de l’existence. La vision de l’amour se fait passionnelle, sensuelle, sorte d’offrande et don de soi même. Ce passage obligé du rêve innocent aux réalités destructives est parfois une césure bien douloureuse. Mais la poèsie c’est aussi déjouer le noir, le mal, la mort par le jeu des dérisions verbales. « Cette lune se riait du noir. / Cette lune voilait sa face au soleil. / Elle vivait d’espoir. / Cette lune était cœur de miel. » Voici une poésie vibrant souvent comme une corde de violon. L’expression est parfois d’un symbolisme hermétique ce qui donne encore plus de force au texte en décuplant l’image. Femme avant tout, donc mère protectrice, l’enfant apparait discrètement entre les lignes de cet ouvrage, il se fait promesse en devenir. La lucidité cohabite avec l’insouciance de la jeunesse, cependant Marie-José Dégeil-Delpeyré a bien conscience que la notion d’amour est un bien rare et précieux, ô combien fragile, alors entonnons avec elle l’hymne de la : « Liberté, fraternité et poésie. »
Michel Bénard.
Recension : Jean-Loup Seban « Les fastes de Mémoire »
Avant-propos d’Anne-Michèle Hamesse.
Gravures d’Illustrations Luca della Robbia, Georg Hertel, Guillaume, Johannes Sadeler,
Editions les Poètes français – 2020 - format 14,5x21 – nombre de pages 131 -
C’est avec un réel bonheur que nous accueillons le nouvel ouvrage de Jean-Loup Seban « Les fastes de mémoire » dans le cadre du prix Victor Hugo qui lui fut attribué par la Société des Poètes français en 2017. La poésie de Jean-Loup Seban se révèle à nous comme étant l’œuvre d’un joaillier du verbe qui polit en esthète chacune des facettes de ses textes avec une pointe d’excellence en ce qui concerne les sonnets. Jean-Loup Seban est très attaché à l’exigence de la haute poésie dont la contrainte technique oriente l’art poétique. La présence du Parnasse n’est jamais bien loin. La pensée traditionnelle cohabite cependant avec une certaine vision de la modernité. Sa préfacière Anne-Michèle Hamesse, présidente de l’Association des Ecrivains Belges de Langue Française, voit en Jean-Loup Seban un mage de la poésie classique, mais également un poète hors-mode et hors-temps. En effet malgré son côté gentleman, Jean-Loup Seban est une sorte d’électron libre en marge de notre monde éphémère et vénal. Son œuvre est affermie par de profondes racines où parfois nous sommes submergés par un déferlement d’érudition. Ses textes sont soumis à des exercices de style, affinés, subtils, mais toujours avec l’intention soucieuse de demeurer dans la ligne d’une noble tenue poétique. Voici bien un puriste à côté duquel même les parnassiens peuvent bien se tenir. Ce qui n’empêche pas Jean-Loup Seban de trouver un immense plaisir au travers des choses simples et naturelles que nous offre l’existence : « Heureux qui berce un livre et chérit ses estampes. » Les vrais bonheurs sont là dans l’odeur des livres, du papier, dans l’ambiance feutrée de vieilles bibliothèques où se reflètent des rais de lumière poussiéreuse, parfumée d’encres et décorée de reliures. Jean-Loup Seban est un contemplatif de l’aube, un flûtiste des émotions livresques. Grand collectionneur, l’art de la gravure ancienne tient une place prédominante dans le cœur de Jean-Loup Seban, reproductions que nous retrouvons souvent insérées dans ses ouvrages largement illustrés, dignes des meilleurs bibliophiles. Il s’invite à la table des dieux qu’il courtise aux cotés de Raphaël. Néanmoins au risque de surprendre certains lecteurs, bon nombre de poèmes ne manquent pas d’être chargés de sensualité, voire d’une pointe d’érotisme aux évocations de chair frémissante et pulpeuse « Attira dans sa couche une autre courtisane. » « Que le beau sexe admire en muse du jubé. » Notons qu’un amour charnel peu embraser un destin. Nous faut-il comprendre pour autant que sous l’effet d’un fol amour, il nous faut toujours payer le tribut des larmes ? « Non, l’art d’aimer n’est point ce déduit dangereux / Qui porte le tourment ! Parez l’âme érotique, / Vous qui cueillez la fleur de l’empire amoureux ! » J’aime ce côté malicieux masqué par les voiles de quelques jolies vénitiennes ou peut-être filles d’Hélène ou de Galatée. Combien est belle aussi cette image presque iconique de la vierge indomptée ! Revenons cependant aux fondamentaux où les questionnements théologiques sont omniprésents, où même l’ombre très intrigante de Savonarole se profile cyniquement porteuse de toute son inquiétude. Au fil de nos lectures dont les voies inextricables ne sont pas toutes ouvertes, certaines veillant jalousement sur leur hermétismes ou leurs symbolismes, je récolte au détour de quelques chemins isolés des gemmes chargées d’éclats précieux et de perles rares souvent serties d’émouvante beauté. Nous terminerons sur une note pétillante et euphorique avec notre poète qui entonne un hymne à la gloire du champagne : « Cette perle engrossa le vin d’Aï de son charme : / L’Olympe alors choisit de l’immortaliser .../... » Bien de petites notes libertines nous vont droit au cœur et nous rassurent car Jean-Loup Seban possède le sens naturel de la vie en se reconnaissant entre les joies festives de Bacchus et les murmures de beauté et d’amour susurrés par Vénus.
Michel Bénard.
Recension : Nicole Dubromer « Symphonie florale »
Illustrations de : Nicolas Perquin.
Editions les Poètes français-2020 format 14,5x21 nombres de pages 52.
Nous connaissons bien Nicole Dubromer à la Société des Poètes français. Nous apprécions sa volonté de partage pour la poésie et la convivialité dans lesquelles elle dépose toutes ses espérances pour un meilleur humanisme. Ses actions en ce sens sont particulièrement nombreuses dans les banlieues. À ses yeux, la poésie ne peut engendrer qu’un monde meilleur, agrémenté de petites notes de couleurs. La nature est toujours au centre des textes de notre poétesse, sorte de fil d’Ariane et source inspiratrice battant au rythme des saisons, des floraisons et hibernations. Elle écoute les fleurs et les oiseaux qui lui content leurs histoires, avec eux elle partage ses rêves de beauté. Nicole Dubromer se nourrit de petits bonheurs fleuris et de mille fragrances. Elle se plait à comparer les femmes aux fleurs dont la beauté fragile marque leurs destinées. Dans son grand jardin tout est si envoûtant et si éphémère, un orage, une giboulée et voilà, tout est anéanti. Impossible de séparer la nature de l’existence humaine. Tout ne fait qu’un, en ce système où l’homme n’est qu’un maillon vulnérable inconscient. Dans certaines légendes les fleurs sont des gages d’amour, elles prédestinent l’union de l’homme et la femme, s’ouvrent ou se referment selon le présage. Les plantes comme les fleurs ont souvent ce pouvoir de guérir et insufflent de l’espoir à la vie. Il est bon de souligner que cet ouvrage est agréablement illustré par quelques œuvres numériques de Nicolas Perquin qui s’associent judicieusement aux textes. L’univers poétique de Nicole Dubromer est enjolivé de confidences, de musique, de parfums, de rêves féeriques ou utopiques et de préludes d’amour. Pour conclure, je refermerai ce recueil sur le poème « L’Ode à l’amour » où la nature exprime sa sensualité, fait battre les cœurs, joue de la séduction en laissant s’envoler ses semences sacrées. Ici je vous quitterai sur « Une symphonie florale inachevée. » et « L’offrande d’un baiser » caressée par « Une larme de rosée. »
Michel Bénard.
Recension : Chantal Enocq – Dehors et déjà –
Illustration de couverture : Sylvie Gommery
Editions les Poètes français – Paris – 2020- format 14,5x21 nombre de pages 33
Chantal Enocq vient de publier son recueil « Dehors et Déjà. » « Dehors » est une manière de s’extraire de soi même pour mieux rejoindre les autres pour exister par la parole. Quant à « Déjà », oui c’est déjà demain et il est temps de construire un devenir solide et pérenne. Et si la poésie consistait justement à optimiser la vie , à élever l’humain. La facture expressive est singulière, le langage original dévoile une solide personnalité, car il faut du courage pour « désavouer la mort » et de « marcher dans les pas de l’amour » qui est toujours suspecté d’inconnu. Chantal Enocq ne manque pas de courage, car elle ne ménage pas ses actions au service de la poèsie, au titre de fondatrice de diverses associations et ateliers d’écriture. Chez Chantal Enocq la voix liée à l’écriture se fait naissance. L’écriture donne sa cadence, fractionne les vers, impose un rythme qui révèle les images. Mieux vaut à la lecture de ces textes laisser place à l’imaginaire. Le lecteur peut se faire bâtisseur et construire un nouvel espace, car il s’agit ici d’une poésie où les images se succèdent, où elles enjolivent un environnement, où la symbolique prend toute sa force lorsque « .../...les ancêtres buvaient le lait des fleurs au lendemain des enterrements../.. » Les images s’enchainent, se déroulent sans imposer, mais tout simplement proposer, éveiller. C’est une écriture qui suggère, qui soulève un voile, invitant le lecteur à poursuivre son chemin. C’est une poésie qui indéniablement prend le temps de s’ouvrir, de respirer, un peu comme un bon vin qui peu à peu délivre ses arômes. Parfois cette poésie nous ouvre les portes de l’irréel, nous emporte dans une spirale sidérale, qui peut soudain s’effriter, se sublimer et disparaitre en basculant dans le puits de la nuit jusqu’à se fondre dans les abysses de la création. Pour être parfois insaisissable, le poète n’est pas pour autant coupable et Chantal Enocq nous le démontre : ad infinitum. Oui il faut « -(JE)- n’en est pas toujours responsable / l’attache est prénatale, / écrire, / s’y retrouver / pour en sortir. » Oui se redéfinir absolument : « Sortir du mythe / de – il était une fois- / aller dans -il se pourrait que.../... » Voilà ce qu’humblement nous propose notre poétesse.
Michel Bénard.
Michel BÉNARD, « Les Caresses du Ciel », Éditions Les Poètes Français, Paris, 2021 – 150 pages, 20,00 €
Il n’est nul besoin de vous « présenter » Michel BÉNARD, qui signe aujourd’hui « Les Caresses du Ciel » : Vice-Président de la Société des Poètes Français, responsable des expositions artistiques qui s’y tiennent, Chevalier dans l’Ordre des Arts & des Lettres, lauréat de l’Académie Française, membre du Comité ou adhérent des plus importantes sociétés culturelles - artistiques ou poétiques - contemporaines, auteur de quelque quarante ouvrages - poésie, prose poétique, présentations d’artistes peintres et/ou sculpteurs - édité en France et en Francophonie, mais aussi traduit et publié en Roumanie et en Italie, il est - même s’il s’en défend, affichant cette modestie trop marquée qui est l’apanage des « Grands » - l’un des « noms phare » de la littérature, de la poésie et de la peinture des XXe et XXIe siècles.
Dans « Les Caresses du Ciel », il ose franchir le pas et parler ouvertement de l’Amour physique unissant l’homme à la - à sa ! - femme, en le sublimant jusqu’à lui offrir une dimension spirituelle telle que ce sentiment-là confine au Divin : « Nous unissons nos chairs/ Dans l’esprit de l’amour/ Nous jumelons les fulgurances/ De nos extases personnelles./ Par les sèves de nos actes mêlés/ Nous effleurons la résurrection. ». L’amour physique ouvre « l’initiatique chemin » permettant d’ « appareiller aux quatre vents/ En tissant des rêves en poésie ».
Car - évidemment ! - la poésie, mais aussi la peinture, la sculpture, la musique et l’écriture - dans tous les sens donnés à ce terme - sont présents et présentés au travers de cette émouvante compilation : « Les déliés ô combien envoûtants/ De votre corps de vestale », « Avec les couleurs de l’enlumineur/ Je calligraphie sur votre corps », « Perle nacrée de l’origine/ Où mes doigts délicats/ Calligraphient dans la nuit/ Les déliés de l’amour »… et tant d’autres !
Pour citer la remarquable préface rédigée par Jean-Pierre Paulhac, dans ce « chant lyrique du corps, véritable poésie de l’amour » où « la poésie de Michel, surtout quand elle décrit l’amour dans son évidence édénique, est inséparable de l’expression artistique », Michel BÉNARD a souhaité que tous les Arts se fondent et se confondent : « Je me surprends à rêver/ De peindre le poème/ Et d’écrire l’icône » nous confie-t-il… alors que la femme aimée devient la clé ouvrant tous les possibles : « Tout en toi devient/ Signes, symboles et paraboles ».
Car l’acte d’amour se transforme, pour Michel BÉNARD, depuis la nuit des temps (dans la Grèce Antique) et en tous lieux (jusqu’à nous, en passant par l’Orient et l’Espagne), en sublimation de l’Amour, lorsque les corps de l’homme et de la femme s’effacent pour atteindre l’Esprit, dans ce qu’il a de sublime et d’immuable, « Il est des instants de privilège/ Où de ravissement nous effleurons/ Le seuil de l’intemporel ». Il se fond dans le mystique, aussi : « Nos corps se livrent/ Dans une extase charnelle/ Telle la promesse/ D’une informelle prière. »
Et cette prière sacrée s’élève, portée par des matériaux précieux - la porcelaine, la nacre, le marbre, l’ivoire, les perles, l’or… - et drapée d’étoffes rares - soies, dentelles, hermine, velours, satin…- dans la lumière colorée du vitrail des mots, lançant leur « soie bleue » ou « le bleu intense du ciel », les « chairs rosées », les « laiteuses saveurs » ou encore, le « marbre rose », le tout nimbé des senteurs suaves des « essences de votre beauté », du « jardin aux divins parfums », des « … flots sirupeux de cannelle/ De miel, de sel et de safran… ».
Ainsi, à l’instar de Charles Baudelaire, pour Michel BÉNARD aussi « les parfums, les couleurs et les sons se répondent » (1) pour que « La source du ventre d’Ève/ Nourrisse les racines de l’arbre de vie », que « je t’Aime » s’écrive avec un « A » majuscule et que le « mystère de l’amour » atteigne « le seuil de l’intime ».
Un recueil qui, à l’image de son auteur, façonne l’Amour, sculpte les mots et colore l’avenir aux teintes de la passion vraie et profonde qui, seule, rejoint l’Éternité.
Véronique Flabat-Piot
Poètes français./ Chevalier dans l’Ordre des Arts & des Lettres
Recension : Lyse B. « Murmures d’étoiles. » Postface Louis Delorme.
Editions les Poètes français – 4 -ème trimestre - 2020 - Format 14 ½ x21 - Nombre de pages 69 –
« Le temps qui passe, la place de l’homme dans l’univers, la Liberté…/… »
Louis Delorme.
Le seul frémissement du titre de ce nouvel ouvrage nous invite à nous draper de silence, afin de mieux pouvoir effleurer les « Murmures d’étoiles ». A la société des poètes français nous connaissons bien Lyse B qui pour notre plus grand plaisir est souvent intervenue au titre d’interprète et chanteuse de talent. Aujourd’hui elle nous revient sous la bannière du poète, discipline où elle excelle avec discrétion, mais d’une plume confirmée. Le poème liminaire nous invite à la communion, au bienfait du silence et de l’attention. Couper les entraves terrestres, dissiper ses pollutions afin de mieux percevoir le chant des étoiles. Lyse B nous convie à une sorte de voyage céleste, sous la bannière de l’éternel amour. Utopie, allez-vous me rétorquer ! Pas tant que cela, car il est bon de savoir écouter les poètes lorsqu’ils osent nous faire partager leurs belles voyances. Lyse B nous brosse avec l’extrême sensibilité que nous lui connaissons, un inventaire non exhaustif de la vie, du plus idyllique au plus diabolique, entre le rythme de l’horloge du bonheur et celle de la peur. Demain que sera-t-il ? Un beau rêve à réinventer qui deviendra doux souvenir. Notre poétesse a la foi rivée à l’amour souverain, celui qui devrait nous rendre tellement meilleurs. Cependant rien n’est moins évident lorsque l’on entend entre les tombes le bruit strident des bombes dont nous ne sommes que des témoins de passage. Le silence nous offre des instants de clairvoyance. Même sous le plus beau des soleils nos illusions s’envolent et nos rêves de printemps se consument. Pareils à son auteure les vers d’apparence classique sont libérés, sans pour autant être entièrement libres, ils sont sous réserve, dans la contrainte, car la liberté est aussi en danger, mieux vaut donc la maitriser. Nos corps sont stigmatisés par la mémoire antérieure, il faut alors rallumer les brandons de l’espoir et restituer un sens à l’humanité en errance. Tel est le credo de notre poétesse dont l’esprit se rapproche de celui des trouvères. Nous ne saurions ici écarter l’amour avec son cri primal, il est omniprésent, il est un tourbillon qui court sur l’océan. Notre poétesse a besoin de pureté, d’enchantement sous la harpe du vent, de pensées cristallines. Lyse B est fidèle en amitié et elle nous en fait une remarquable évocation dédiée à son ami et poète Louis Delorme qui nous a quittés récemment. De belles images murmurées parsèment ce recueil, il se fait le cri et la larme d’une amitié profonde. « Que pourrais-je vous dire / J’ai un si bel ami / Un éclat qui transforme / Les ombres en poésie. »
Michel Bénard.
Vice-président de la Société des Poètes français.
Lauréat de l’Académie française
Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres.
Recension : Marc Nieuwjaer « Que ne suis-je une femme »
Illustrations Laurence Nieuwjaer
Editions les Poètes français. Format 14 ½ x 21. Nombre de pages 55.
Plaisir sans mesure que de découvrir aujourd’hui le recueil de Marc Nieuwjaer « Que ne suis-je une femme » qui est un témoignage poétique, d’une grande sensibilité nuancée de quelques touches romantiques vibrantes. Ce poète est un homme du Nord, un gamin des terrils et des estaminets, un Ch’ti qui le revendique haut et fort. Un homme aussi au service de la poésie par ses actions variées en diverses associations de poésie et je n’en citerai que deux qui sont très cousines, la Société des Poètes Français et la Société des Auteurs et Poètes de la Francophonie. L’ouvrage « Que ne suis-je une femme » ne peut nous laisser insensibles, il pénètre au cœur de nous-même en évoquant une sorte de transfert d’âme et d’esprit par l’élévation de celle qui est porteuse de vie, la femme. C’est amusant, nous pourrions avoir tout lieu de croire que notre poète porte en lui les regrets d’une absence de féminité. Et pourtant, qui plus qu’un vrai poète fleurte avec l’androgynie ? C’est un hymne à la femme, celle que l’on respecte, que l’on envie au travers de ses nobles particularités, ses singularités qui la diffère tellement de l’homme et cependant la complémentarité est incontournable. Oui, la femme, grand-mère, mère, épouse et fille. Par le poème Marc Nieuwjaer transcende la femme. Dans le sillage de ses textes nous touchons au plus profond de nous-même. Le ton est donné, la femme ici est aimée, adulée, courtisée, féminisée jusqu’aux extrémités des ongles. Belle considération de l’éventail de l’univers féminin rattaché au fil fragile du miracle de l’amour. Chaque poème est une embellie, une touche de lumière en hommage à celle qui porte le monde. Les mâles triomphants n’échappent pas à la plume acide de Marc Nieuwjaer, aucune excuse pour ces infâmes qui brisent les femmes, ces vaniteux bouffis se déguisant en machos ! Personnages de la plus vile espèce. Le poète fort de ses expériences médicales, soulève l’ignominie des violences conjugales, dans des relents de crétinisme et d’actes de la plus extrême lâcheté. Marc Nieuwjaer, nous transporte dans des mondes parallèles, des espaces métaphysiques où le silence est tel qu’il fusionne avec d’imperceptibles battements d’ailes. Serait-ce un ange ? Néanmoins la vie n’est pas si simple, il est difficile de voir souffrir l’être que l’on aime en demeurant dans l’impuissance, avec pour seul espoir les faveurs du temps. Amère constat que celui de l’amour qui s’étiole, qui ne dit plus rien, allant jusqu’à perdre son nom. C’est à ce point précis que l’homme prend conscience de ce qu’il doit à la femme et que s’il devient quelqu’un il le doit au soutien de la femme et de son sacrifice. « Et quand l’hiver me surprendra, / Le corps gelé, le cœur pantois, / Qu’il me faudra partir sans toi, / A regret quitterai tes bras. »
Michel Bénard.
Florence Le Gentil – Chevalier de Leslia – L’âme déferlante – Recension.
Préface de Jean-Pierre Paulhac.
Illustrations de Fabricia Lapoutre et de Florence Le Gentil – Chevalier de Leslia.
Editions les Poètes français – format 15x21 – Nombre de pages 67 – 2020 –L’introduction en poésie fut pour le moins fracassante, le choc de la rencontre ne fut pas anodin car il se fit, le hasard n’existant pas, avec Jean-Pierre Paulhac, une des plus belles plumes de la vénérable Société des Poètes Français, ainsi que membre actif au cœur de cette institution rayonnante née en 1902 et qui comme une jeune fille émoustillée porte haut le flambeau de la poèsie. C’est ainsi que Jean-Pierre Paulhac découvrit un joyau poétique soigneusement caché. Le préfacier ne tarit pas d’éloges pour Florence Le Gentil et son recueil « L’âme déferlante.» C’est une véritable turbulence, une tempête tsunamique pour reprendre les termes du préfacier. Voici un recueil qui s’ouvre sur des senteurs de bruyères et des variations de cornemuses. C’est une poèsie qui porte la mémoire de la tradition et des légendes. Avec Florence Le Gentil nous avons cette impression de larguer les amarres pour tenter l’aventure de la poésie placée sous le signe de l’Armor. Cette poésie n’existe que dans le sillage de Neptune, avec ses parfums d’embruns et d’humus. C’est une poésie qui a besoin de s’affirmer, de démontrer qu’elle existe, tout envahie de doute qu’elle est. Florence Le Gentil regarde vers l’ailleurs, l’impossible, au fil de la lecture surgissent des paysages surréels, des visions maritimes fantastiques. L’auteure a ce don de nous transporter vers des terres inconnues pour y découvrir un nouveau destin. Au travers de ses rêves d’amour notre poétesse peut s’éprendre d’un faune, amours sauvages, insolites et brulant de désirs, amours interdites que seule la poésie permet de transgresser. Il arrive à Florence Le Gentil, telle une muse flamboyante, qu’elle se laisse séduire par le chant d’amour des sirènes, au risque de le voir se transformer en écume éphémère. Le constat des blessures de l’amour, des déchirures, des béances, est parfois terrible. De remarquables images métaphoriques constellent les pages de cet ouvrage. Il s’agit bien là d’une écriture qui nous réveille, car Florence Le Gentil nous apporte la preuve que la poésie peut sublimer nos existences.
Michel Bénard.Recension : Anthologie concours jeunesse – Prix 2018 – 2020 –
Editions les Poètes Français – 2020 - Format 14 ½ X 21 – Nombre de pages 123 -
Réalisée par Nicole Portay – Responsable S.P.F du Concours International de Poésie Jeunesse.
Illustration première de couverture : Salvatore Gucciardo.
Illustrations intérieures : Jean-Claude Bemben – Lydie Godbillon – Nelly Chauveheid Gaska - Michel Bénard – Auguste Haessler – Cerise Alexandra – Ghani Alani –La jeunesse a besoin de se resituer, de s’identifier dans un monde gangrené par l’éphémère, l’artifice et l’instabilité, il lui faut retrouver les traces de véritables valeurs au travers desquelles elle pourra se reposer sur un socle pour s’amarrer à un ancrage solide et ainsi reprendre confiance là où tout est tellement incertain. La Société des Poètes Français a lancé aux jeunes le défi de pouvoir s’exprimer, en confiant judicieusement cette mission à notre active et performante déléguée Nicole Portay. Ainsi sous sa directive, pour des textes allant des écoles primaires aux classes de terminale et au-delà jusqu’à 25 ans, offrant un large éventail sur la francophonie qui rassemblera une trentaine de pays, les résultats dépassèrent nos prévisions et ce sont des centaines de poèmes qui nous parvinrent. Choix bien difficile face à cette jeune poésie rivalisant d’imaginaire, de témoignages, mais aussi d’une stupéfiante lucidité. Quelle plus belle récompense peuvent avoir les parents et les enseignants à la découverte des résultats obtenus ! Je vous laisse imaginer les émotions et enchantements. Mais nous ne pouvions pas en rester aux seuls résultats des concours, il nous fallait donner une suite tangible, un prolongement. Il ne fallut pas longtemps pour trouver la perspective qui convenait pour honorer nos jeunes lauréats. Sous l’initiative et suggestion de Nicole Portay, notre président Jean-Charles Dorge cautionna l’édition d’une anthologie des concours jeunesse Prix 2018 – 2020 où furent sélectionnés les poèmes des jeunes lauréats et illustrés par des artistes confirmés. C’est dans cet esprit que nous poursuivons notre action au service de la jeunesse, car comme le souligne judicieusement notre président : « .../... il est nécessaire à cette jeunesse de conserver un état d’éveil et une envie de création, dont l’avenir a besoin pour que continue d’émerger une civilisation digne de ce nom ! »
Michel Bénard.
Recension : Letizia Moréteau – Rêve d’Ecriture – Sueno de Escrtura –
Editions les Poètes Français – 2020 – format 14 ½ x 21 – nombre de pages 53.
Photo de couverture : Letizia Moréteau. Sculpture : Daphné Du Barry.Les ailes de ce recueil bilingue français et espagnol « Rêve d’Écriture – Sueno de Escritura » s’ouvrent par une reconnaissance à la femme, à la femme entière. L’introduction soulève la question primordiale, d’où peut donc venir ce souffle de l’écriture, cette soif de l’expression face à la feuille blanche. Question majeure lorsque la poésie concernée s’acoquine à un esprit quelque peu animiste ou panthéiste où tout de la nature se fond ou se confond. « Tout est Un, Un est Tout. » Une voix initiatrice invite notre poétesse Letizia Moréteau à transgresser, à se dédoubler pour s’associer à d’autres lois universelles, avec ce besoin de découvrir des mondes parallèles et surtout, « comprendre » le mot clé est lâché. L’auteure se libère d’un passé pesant, elle veut trouver son essor, investir d’autres espaces, découvrir d’autres lumières. Elle rêve d’un monde sans leurre où comme dans le poème idéal les images sont belles, symboliques et métaphoriques. Parfois l’écriture se fait épopée. Letizia Monéteau voit dans son rêve de l’amour partout, si beau, si grand que l’on se sent bien insignifiant pour oser prétendre l’honorer. « Suenos de poetas, prodigiosas saetas, / Resplandor de candelas, susurros inocentes : Suspiros de escritor, besos candentes / Inquietud de agonizantes meras... » Notre poétesse se rattache aux éléments, aux forces célestes, aux sèves nourricières, à tout ce qui est synonyme de nature dont nous sommes indéniablement les fruits plus ou moins goûteux. Parfaitement bilingue, Letizia Moréteau porte sur la poésie un double regard, celui du ressenti de la chaleur hispanique et celui plus nuancé de la langue d’oïl. Ici, je ne saurais que vous suggérer de faire un petit bout de chemin avec notre humble magicienne « art-thérapeute. » Sans oublier un petit clin d’œil à ma très chère amie Rome Deguergue pour avoir invité Letizia Moréteau à transposer sa poésie dans les deux langues, ce qui attribue une réelle intensité à son message. La poésie peut parfois nous transporter bien plus loin et bien plus haut que nous n’aurions pu l’imaginer. « Par un rêve d’aventure / Je suis arrivée à l’écriture / Et j’ai trouvé mon bonheur. »
Michel Bénard.
Lauréat de l’Académie française
Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres
Poeta Honoris Causa.Recension : Monia Boulila – Ressac de lumière –
Préface : Christine Détrez.
Illustration de couverture Jean-Jacques Oppringils.
Editions les Poètes français – 2021- format 14 ½ x 21 – nombre de pages 59 –
Difficile de prétendre apporter plus à la signifiante préface de Christine Détrez, qui frôle l’essentiel, effleure le sensible, révèle le point d’orgue de la fréquence humaine et poétique de Monia Boulila pour son nouvel ouvrage « Ressac de lumière », dont je me souviens le prix Charles Carrère que nous lui avions attribué au Cénacle européen des Arts et des Lettres. Alors je ne reprendrai pas ce qui a déjà été dit à propos de l’expression de Monia Boulila, je l’évoquerai différemment. Tout est contenu dans le dérisoire, l’éphémère, la fragilité de la vie.Que peuvent les mots, que peuvent-ils en dire sinon les habiller d’un éclat de lumière, d’un petit supplément d’âme. Alors, modifions le destin, transformons le chemin en délicate chanson « Je renaitrai Amour ». Déposer un peu de brillance sur l’obscurantisme, tel est le cri de la « femelle » qui se sait femme, passeuse de vie et créatrice d’amour. Femme mère porteuse de l’univers. « Des femmes souffrent, pleurent, se taisent, meurent, beaucoup sèment la vie de tout bord... ». Le cri de Monia Boulila est un hymne à l’amour dont l’aiguillon trucide le mâle conquérant. Il est tant de non-dits qui ne demandent que lumière et rupture du silence. La réflexion s’impose : et si un bon mensonge pouvait détrôner une mauvaise vérité pour sauver une parcelle de vie ! La parole du poète est un chant de liberté. Lorsque les cœurs sont secs, notre poétesse tend la main pour retenir les nuages et lorsque la culture est berbère, on connait la valeur de la pluie. C’est un privilège pour Monia Boulila de savoir que face à un amour perdu il restera toujours la poésie. La vie est un combat d’entre-deux se situant entre le mensonge et la quête d’amour qu’une vie entière parfois ne suffit pas à trouver. Femme avant tout, Monia Boulila n’échappe pas au tourment de se sentir taraudée par les effets pervers du temps « Le temps dévale le mont de l’âge ». Le verbe ici est d’une sensibilité accessible, mais dont la symbolique estompée touche à l’essentiel. Par la voix et la voie de la poésie, Monia Boulila nous découvre sa nudité intérieure. Femme libre jusqu’à se faire poème « E tcélébrer l’amour et l’amitié. »
Michel Bénard.
à venir