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Hommage à Victor hugo
- HOMMAGE à VICTOR HUGO -
(Discours par Jean-Charles Dorge, président de la Société des Poètes Français, au Panthéon, le 30 octobre 2016)(Préambule) Bienvenue à tous en ce lieu hautement symbolique, qui appelle au recueillement.
Rappelons que Victor Hugo était né le 26 février 1802 à Besançon. Il est mort le 22 mai 1885 à Paris. La Troisième République l’a honoré par des funérailles nationales, qui ont accompagné le transfert de sa dépouille au Panthéon le 1er juin 1885, dix jours après sa mort.- - - - - -
Observons, si vous le voulez bien, une courte minute de silence…
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Victor Hugo ! Devant cette tombe où tu reposes, un peu mystérieuse, proche des ombres, dans le ventre de cet édifice de la pleine lumière dédié aux grands esprits que la France est fière d’honorer, nous venons te rendre hommage et t’apporter ces quelques roses blanches fraichement cueillies, en témoignage de notre respect, notre admiration, de la fidélité d’un peuple qui ne t’a jamais oublié et dont tu fus la gloire de ton vivant, comme des enfants voulant raviver l’amour de leur père.
Ton âme est ici, elle est là-bas, ailleurs, elle a « bien » rejoint l’infini. Elle est en nous comme un bien précieux que tu nous as légué à travers ton œuvre immense et visionnaire. Ton nom est devenu un emblème. La Société des Poètes Français s’honore d’être née en souvenir du Centenaire de ta venue au monde. Tes vers sont notre référence pour leur beauté et richesse de sens. L’ensemble de ta création, telle une flamme vive, continue de forger nos repères dans un présent qui reste le tien à travers nous !
Non, si nous sommes venus t’exprimer notre reconnaissance, ce n’est pas simplement par le fait d’une coutume en période de Toussaint ou sur la base d’un rituel de pure forme : Nous faisons acte de foi païenne, non pas devant un Dieu, agenouillés et soumis, mais devant cette pierre, point de départ d’un esprit neuf libéré, capable de soulever des montagnes, tant nos esprits emplis du tien bénissent la voie que tu traças pour tenter de conduire à un avenir meilleur.
Car, le prodige s’est réalisé dans la clarté de ta pensée jaillissante. Tu as atteint les cimes vers lesquelles nous sommes élevés grâce à toi. Nous ici réunis, représentant tes plus proches fidèles parmi des millions d’esprits que tu as marqués de ton empreinte, tendons à vouloir œuvrer au nom d’un humanisme qui était le tien, avec une foi indicible que tu disais porter et qui renforce surtout notre conviction de devoir agir, de la même façon que tu osas prendre la parole en risquant l’exil lorsque tu le sentis nécessaire. Car tu ne connaissais pas la peur…
Dans cette plénitude universelle que ton image dissoute répand sans faiblir sur la terre, dans une communion parfaite avec les plus éminents poètes disparus, il nous appartient maintenant, à nous tes modestes disciples, de prolonger ton action bienfaisante, car les mots sont redevenus sources de vie, force et lumière face à la mort.
Tu as rejoint un domaine sacré où le sublime anéantit le mal. A ton exemple, nous méditons cet extrait tiré de « La fonction du poète » dans ton recueil LES RAYONS ET LES OMBRES :
« Malheur à qui prend ses sandales
Quand les haines et les scandales
Tourmentent le peuple agité !
Honte au penseur qui se mutile
Et s'en va, chanteur inutile,
Par la porte de la cité ! »
Nous savons par ailleurs que le redresseur de torts, l’homme de la Justice et de la Liberté que tu as incarné, connut ses moments de faiblesse bien humaine. Mais c’est cela qui nous rapproche de toi, pour ne pas douter que tu fus des nôtres. Victor Hugo, dans tes Contemplations ou tes Misérables nous savons que tu fus vrai !
Et je passe maintenant la parole à Michel Bénard qui va d’ailleurs nous évoquer pour cette année Victor Hugo, non plus l’homme social ou l’humaniste mais sous un angle plus « coquin », thème choisi pour l’hommage de ce jour -, en bon Pair de France qu’il fut.--- ---
Victor Hugo jeune (oeuvre de Paule Perret)
(Intervention de Michel Bénard)
Victor Hugo et Eros, l’ambivalence d’une enivrante fragilité.
« Elles viennent vous embrassent,
Vous éblouissent et passent.../... » VH(1)
L’érotisme chez Victor Hugo est un véritable paradoxe entre la retenue littéraire discrète et la passion humaine et physique effrénée.
L’œuvre dans sa généralité occulte plus ou moins l’aspect sensuel, charnel pratiquement passé sous silence. En filigrane.
Nul n’ignore cependant combien l’immense écrivain, poète et artiste aussi, que fût Victor Hugo avait une renommée bien fondée d’être une forte nature, insatiable amoureux.
Cependant son œuvre est assez peu révélatrice lorsqu’il s’agit de sensualité exacerbée, la sexualité est drapée d’un voile pudique et pourtant Victor Hugo était plutôt très libéré sur le plan charnel, volupté, passion, voire un certain désir de débauche qui ne l’effrayait nullement et d’amours idylliques, puritaines, il basculait aisément à des jeux érotiques des plus sulfureux. Voici ce qu’il en dit :« Ce qu’on appelle passion, volupté, libertinage, débauche, n’est pas autre chose qu’une violence que nous fait la vie. »
La pudeur, la retenue est pratiquement de règle avec son épouse Adèle Foucher au début tout du moins, mais pour ses amours illégitimes qui furent, en premier lieu Juliette Drouet la favorite, mais également Léonie Biard, Blanche Lanvin, sans oublier ses odalisques comme la jolie actrice et modèle Alice Ozy (Justine Pilloy) que peignit magnifiquement Théodore Chassériau. Victor Hugo leur écrivit des textes extrêmement sensuels, quant à la révélation de ces écrits il fût des plus discrets.
Grande ambivalence de la vie amoureuse officielle, clandestine et de l’œuvre.
Néanmoins, oui, dans certains de ses écrits il sacrifie au dieu Eros, il suffit de songer au recueil « Les Orientales » au roman « Notre Dame de Paris » avec la troublante sauvageonne Esméralda qui rendit encore un peu plus fou le pauvre Quasimodo transfiguré. Nous pensons aussi à « L’homme qui rit » où certaines pages flirtent avec l’imagerie érotique de l’époque. Et Victor Hugo souligne :« Platon disait, à l’heure où le couchant pâlit :
Dieu du ciel, montrez-moi Venus sortant de l’onde !
Moi, je dis, le cœur pleure d’une ardeur plus profonde :
Madame montrez-moi Vénus entrant au lit ! »La poésie intimiste chez Victor Hugo transpose un univers pétri de désirs, de pulsions, de fougues, d’énergie émotionnelle, ce dont ne manque pas Victor Hugo, lui qui était habité par une sexualité épanouie et florissante.
Il est bien connu, que durant le XIX ème siècle ses contemporains et lui sont épris de sensations orientalistes, exotiques, liées à une grande soif d’aventure, de rêve et de phantasme.
Victor Hugo écrit :« La liberté d’aimer n’est pas moins que la liberté de penser. »
Excellent artiste, Victor Hugo comme nous le savons, dessina ou peignit un certain nombre de nus, sortes d’odalisques selon la tendance de l’époque. Il nous laissa quelques petites ébauches délicieuses et délicates un tantinet subjectives.
Sa fougue sexuelle débridée est tout à fait en adéquation avec son œuvre, puissante, débordante, lyrique, dithyrambique, théâtrale, phénomène qui d’ailleurs est tout à fait approprié à l’esprit du XIX ème siècle dans certaines couches de la société disons bourgeoise, où emprisonnée dans le puritanisme ambiant et l’entrave de la religion, vont se confesser à l’église avec femmes et familles, afin de mieux pouvoir aller s’encanailler au bobinard ou autres salons mondains.
Victor Hugo n’est pas dupe car même s’il les provoque, il a conscience des risques encourus, et voici ce qu’il écrit :« A l’ instant où la femme naquit est morte l’innocence. » Elle est « l’être en qui Satan avec Dieu se confond. »
Nous clôturerons ce survol « érotico-poétique » sur l’image de la remarquable sculpture préparatoire d’Auguste Rodin, puisqu’il s’agit d’un grand plâtre représentant Victor Hugo en vieil homme, intégralement nu, assis sur un improbable rocher, face à une œuvre du célèbre peintre symboliste suisse Arnold Böcklin où le dieu Pan jouant de sa flûte semble inviter le poète pour encore une ultime fois à écouter le chant des sirènes pour vivre encore une fois les folles ivresses de l’amour. Et de conclure :
« Certes, elle n’était pas femme et charmante en vain,
Mais le terrestre en elle avait un air Divin.../...
Elle acceptait l’amour et tous ses incendies.../...
Ne se refusait point et ne se livrait pas ;
Elle savait se faire esclave et rester reine,
Suprême grâce !.../...
Que d’avoir tout donné sans avoir rien perdu !.../...
Et couchée sur le lit, semblait sur une cime.../...
Et c’était la grandeur de cette femme étrange
Qu’en cessant d’être vierge elle devenait un ange. » (Extraits)Fermons ce paragraphe sur le paradoxe de l’homme qui fut l’un des plus grands poètes de tous les temps.
Pris dans l’étau d’une œuvre existentiellement magistrale et de l’embrasement d’une charnelle et brûlante passion amoureuse.Michel Bénard.
(1) extrait du poème « Femmes »
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Vont suivre quelques poèmes lus alternativement par Mesdames Véronique Flabat-Piot, Eliane Hurtado, Marie-Agnès Salehzada, Monsieur Christian Malaplate et moi-même. Madame Flabat-Piot conclura par un texte en prose de Victor Hugo, qu’elle a sélectionné pour nous…
Récital :
1- LU PAR VERONIQUE FLABAT-PIOT :
Vieille chanson du jeune temps2 - LU PAR CHRISTIAN MALAPLATE :
Elle était déchaussée3 - LU PAR ELIANE HURTADO :
(Extrait : derniers vers de LA FÊTE CHEZ THERESE)4 - LU PAR CHRISTIAN MALAPLATE :
Puisque j'ai mis ma lèvre à ta coupe encor pleine5 - LU PAR MARIE-AGNES SALEHZADA
L'âme en fleur
(...)
6 – LU PAR JEAN-CHARLES DORGE
Nous étions, elle et moi…
Jeune fille, l'amour...7- LU PAR VERONIQUE FLABAT-PIOT
(Texte en prose)
La fonction du poète--- ---
(Pour clore) Mes amis, je vous remercie d’avoir été présents aujourd’hui. Restons liés par le souvenir de cette rencontre d’hommage au maître. Restons unis par le souci de l’action promise. Montrons-nous dignes par le courage et la certitude acquise d’un bien qu’il nous faut sans cesse préserver et partager, pour que notre société s’achemine sur la juste voie qui rayonne, pour la sauvegarde de la culture humaine, le guide vers une civilisation supérieure construite sur des principes de paix et d’amour, dans l’utopie joyeuse d’un bonheur toujours espéré.
JCD.
30/10/2016
Textes du Récital
1 - LU PAR VERONIQUE FLABAT-PIOT :Vieille chanson du jeune temps
Je ne songeais pas à Rose ;
Rose au bois vint avec moi ;
Nous parlions de quelque chose,
Mais je ne sais plus de quoi.J'étais froid comme les marbres ;
Je marchais à pas distraits ;
Je parlais des fleurs, des arbres
Son oeil semblait dire: " Après ? "La rosée offrait ses perles,
Le taillis ses parasols ;
J'allais ; j'écoutais les merles,
Et Rose les rossignols.Moi, seize ans, et l'air morose ;
Elle, vingt ; ses yeux brillaient.
Les rossignols chantaient Rose
Et les merles me sifflaient.Rose, droite sur ses hanches,
Leva son beau bras tremblant
Pour prendre une mûre aux branches
Je ne vis pas son bras blanc.Une eau courait, fraîche et creuse,
Sur les mousses de velours ;
Et la nature amoureuse
Dormait dans les grands bois sourds.Rose défit sa chaussure,
Et mit, d'un air ingénu,
Son petit pied dans l'eau pure
Je ne vis pas son pied nu.Je ne savais que lui dire ;
Je la suivais dans le bois,
La voyant parfois sourire
Et soupirer quelquefois.Je ne vis qu'elle était belle
Qu'en sortant des grands bois sourds.
" Soit ; n'y pensons plus ! " dit-elle.
Depuis, j'y pense toujours.
in Les contemplations2 - LU PAR CHRISTIAN MALAPLATE :
Elle était déchaussée
Elle était déchaussée, elle était décoiffée,
Assise, les pieds nus, parmi les joncs penchants ;
Moi qui passais par-là, je crus voir une fée,
Et je lui dis : Veux-tu t'en venir dans les champs ?Elle me regarda de ce regard suprême
Qui reste à la beauté quand nous en triomphons,
Et je lui dis : Veux-tu, c'est le mois où l'on aime,
Veux-tu nous en aller sous les arbres profonds ?Elle essuya ses pieds à l'herbe de la rive ;
Elle me regarda pour la seconde fois,
Et la belle folâtre alors devint pensive.
Oh ! comme les oiseaux chantaient au fond des bois !Comme l'eau caressait doucement le rivage !
Je vis venir à moi, dans les grands roseaux verts,
La belle fille heureuse, effarée et sauvage,
Ses cheveux dans ses yeux, et riant au travers.
3 - LU PAR ELIANE HURTADO :
(Extrait : derniers vers de LA FÊTE CHEZ THERESE)
La nuit vint, tout se tut ; les flambeaux s'éteignirent ;
Dans les bois assombris les sources se plaignirent ;
Le rossignol, caché dans son nid ténébreux,
Chanta comme un poète et comme un amoureux.
Chacun se dispersa sous les profonds feuillages ;
Les folles en riant entraînèrent les sages ;
L'amante s'en alla dans l'ombre avec l'amant ;
Et, troublés comme on l'est en songe, vaguement,
Ils sentaient par degrés se mêler à leur âme,
A leurs discours secrets, à leurs regards de flamme,
A leur cœur, à leurs sens, à leur molle raison,
Le clair de lune bleu qui baignait l'horizon.
4 - LU PAR CHRISTIAN MALAPLATE :
Puisque j'ai mis ma lèvre à ta coupe encor pleinePuisque j’ai mis ma lèvre à ta coupe encor pleine ;
Puisque j’ai dans tes mains posé mon front pâli ;
Puisque j’ai respiré parfois la douce haleine
De ton âme, parfum dans l’ombre enseveli ;
Puisqu’il me fut donné de t’entendre me dire
Les mots où se répand le cœur mystérieux ;
Puisque j’ai vu pleurer, puisque j’ai vu sourire
Ta bouche sur ma bouche et tes yeux sur mes yeux ;
Puisque j’ai vu briller sur ma tête ravie
Un rayon de ton astre, hélas ! voilé toujours ;
Puisque j’ai vu tomber dans l’onde de ma vie
Une feuille de rose arrachée à tes jours ;
Je puis maintenant dire aux rapides années :
- Passez ! Passez toujours ! je n’ai plus à vieillir ;
Allez-vous-en avec vos fleurs toutes fanées ;
J’ai dans l’âme une fleur que nul ne peut cueillir !Votre aile en le heurtant ne fera rien répandre
Du vase où je m’abreuve et que j’ai bien rempli.
Mon âme a plus de feu que vous n’avez de cendre !
Mon cœur a plus d’amour que vous n’avez d’oubli !
in Œuvres complètes : Les Chants du crépuscule (1835 - Ed. Ollendorf de 1933) - p. 2625 - LU PAR MARIE-AGNES SALEHZADA
L'âme en fleur
(...)Les poètes cherchent les belles.
La femme, ange aux chastes faveurs,
Aime à rafraîchir sous ses ailes
Ces grand fronts brûlants et rêveurs.Venez à nous, beautés touchantes !
Viens à moi, toi, mon bien, ma loi !
Ange ! viens à moi quand tu chantes,
Et, quand tu pleures, viens à moi !Nous seuls comprenons vos extases.
Car notre esprit n'est point moqueur ;
Car les poètes sont les vases
Où les femmes versent leur coeurs.Moi qui ne cherche dans ce monde
Que la seule réalité,
Moi qui laisse fuir comme l'onde
Tout ce qui n'est que vanité,Je préfère aux biens dont s'enivre
L'orgueil du soldat ou du roi,
L'ombre que tu fais sur mon livre
Quand ton front se penche sur moi.Toute ambition allumée
Dans notre esprit, brasier subtil,
Tombe en cendre ou vole en fumée,
Et l'on se dit : " Qu'en reste-t-il ? "Tout plaisir, fleur à peine éclose
Dans notre avril sombre et terni,
S'effeuille et meurt, lis, myrte ou rose,
Et l'on se dit : " C'est donc fini ! "L'amour seul reste. O noble femme
Si tu veux dans ce vil séjour,
Garder ta foi, garder ton âme,
Garder ton Dieu, garde l'amour !Conserve en ton cœur, sans rien craindre,
Dusses-tu pleurer et souffrir,
La flamme qui ne peut s'éteindre
Et la fleur qui ne peut mourir !
in Les Contemplations - Livre II L'âme en fleur6 – LU PAR JEAN-CHARLES DORGE
LVIII
Nous étions, elle et moi, dans cet avril charmant
De l'amour qui commence, en éblouissement.
O souvenirs ! Ô temps ! Heures évanouies !
Nous allions, le cœur plein d'extases inouïes,
Ensemble dans les bois, et la main dans la main.
Pour prendre le sentier nous quittions le chemin,
Nous quittions le sentier pour marcher, dans les herbes.
Le ciel resplendissait dans ses regards superbes ;
Elle disait : Je t'aime et je me sentais dieu.
Parfois, près d'une source, on s'asseyait un peu.
Que de fois j'ai montré sa gorge aux branches d'arbre !
Rougissante et pareille aux naïades de marbre,
Tu baignais tes pieds nus et blancs comme le lait.
Puis nous nous en allions rêveurs. Il me semblait,
En regardant autour de nous les pâquerettes,
Les boutons d'or joyeux, les pervenches secrètes,
Et les frais liserons d'une eau pure arrosés,
Que ces petites fleurs étaient tous les baisers
Tombés dans le trajet de ma bouche à ta bouche
Pendant que nous marchions ; et la grotte farouche,
Et la ronce sauvage et le roc chauve et noir,
Envieux, murmuraient : Que va dire ce soir
Diane aux chastes yeux, la déesse étoilée,
En voyant toute l'herbe au fond du bois foulée ?3 avril. Jersey.
in Toute la lyre (ce recueil annoncé dès 1870 par Hugo fut publié de manière posthume par Paul Meurice en 1888)Jeune fille, l'amour...
J'étais seul près des flots, par une nuit d'étoiles.
Jeune fille, l'amour, c'est d'abord un miroir
Où la femme coquette et belle aime à se voir,
Et, gaie ou rêveuse, se penche ;
Puis, comme la vertu, quand il a votre cœur,
Il en chasse le mal et le vice moqueur,
Et vous fait l'âme pure et blanche ;Puis on descend un peu, le pied vous glisse... - Alors
C'est un abîme ! En vain la main s'attache aux bords,
On s'en va dans l'eau qui tournoie ! -
L'amour est charmant, pur, et mortel. N'y crois pas !
Tel l'enfant, par un fleuve attiré pas à pas,
S'y mire, s'y lave et s'y noie.(25 février 1837)